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BIBLID [1699-3225 (2023) 27, 9-55] ISSN 1699-3225

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27, 2023, 9-55 • 

OLYMPICA PINDARICA (I)1

École Pratique des Hautes Études, Paris
gauthier.liberman@ephe.psl.eu
S’il est indubitable que les Olympiques     
transmission beaucoup plus favorables que même les pièces les plus favorisées
d’Eschyle ou que n’importe quelle tragédie de Sophocle, il s’en faut de beaucoup
que le texte des Olympiques soit aussi sûr que le laissent croire les éditions
aujourd’hui en usage2, qui sont, du point de vue du travail de « recensio »,
1 Nous tenons à remercier nos rapporteurs, à qui nous avons donné du travail et qui, par un juste
retour, nous en ont donné, et la rédaction de la revue, dont nous n’avons pas réussi à lasser la patience
en la bombardant de versions corrigées et augmentées et qui, comme à la grande époque de ce que
nous appellerions la « philologie critique », accepte de publier, réparti sur deux livraisons, un aussi
long article de cette nature.
2 Celles par exemple d’Alexander Turyn (Cracovie 1948 ; Oxford 1952, avec l’ajout des
fragments) et la « Teubneriana » de Snell-Maehler (1987 pour le volume comprenant les Épinicies).
Nous indiquerons dans la suite les références d’autres éditions, notamment de l’édition commentée
               
texte grec, établi par B. Gentili, en est, hélas !, le pire de la tradition imprimée post-boeckhienne
de Pindare, autrement dit depuis 1811, et même depuis plus longtemps, Gentili réintroduisant des
fautes éliminées par G. Hermann avant 1811). Disons ici notre admiration pour l’« editio maior »
encore indispensable d’Otto Schroeder, Pindari carmina1, 19232 (avec un appendice

resserré qu’élégant une quantité rare d’informations, souvent soutenue par un jugement solide,
parfois gâtée par la subtilité excessive qui caractérise la défense de leçons douteuses chez Pindare.

Critical, exegetical, and metrical remarks on
Pindars longest Olympics.


Metrics.
Fecha de recepción: 22/07/2022
Fecha de aceptación y versión nal: 17/03/2023

Remarques critiques, exégétiques et métriques
sur les plus longues Olympiques de Pindare.

Pindare, poésie lyrique grecque, critique
textuelle, métrique.
Gauthier Liberman 
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
          
que sous le rapport de l’« emendatio ». C’est ce que nous prétendons montrer
dans la présente étude. Soyons franc et net : Hermann, Wilamowitz et West ont
édité Eschyle, mais, si admirable, si fondamentale l’œuvre pindarique d’August
Boeckh soit-elle3
« Textkritiker », si l’on excepte Theodor Bergk. On se prend à rêver d’une édition
critique de Pindare due aux soins attentifs de Paul Maas… Pour poser un bon

d’une manière très précise le texte transmis sans lui imposer un sens satisfaisant

proposer des conjectures ou d’adopter des corrections mais d’extorquer au texte
ce qu’il devrait dire ou ce qu’on veut qu’il dise, parfois pour satisfaire à des
dogmes de l’exégèse contemporaine4, mais ne dit pas. Une faute aussi évidente
que  en O. 2.32 ne déparerait plus depuis longtemps, du moins dans les
éditions des meilleurs critiques, le texte d’un autre poète, mais c’est Pindare, et
ce qui est jugé impossible ailleurs est admis chez lui sans même qu’on prenne
       5 produit le sens qui convient ;
peu importe qu’elle ne corresponde pas au grec — et cela, hélas !, est vrai aussi

étudiant des cas où le texte transmis est correct mais mal expliqué. Il y a aussi,
chez beaucoup de pindarisants et d’antiquisants d’aujourd’hui, une ignorance très
dommageable de la « pathologie textuelle » et de la « complexité » de certaines
P. Finglass, croyons-nous savoir, prépare pour les « OCT » une édition, qui ne pourra que remplacer
avantageusement celle de C.M. Bowra (19351

             Olympiques sont


apparaît, dans notre étude, le nom de Wilamowitz montre la résistance peu commune de ses travaux
sur Pindare à l’obsolescence. Éditeurs et commentateurs ne perdraient rien à les méditer davantage,
tout en gardant leur esprit critique bien sûr.
3 Son ami Dissen n’a de cesse que de la célébrer dans les lettres qu’il lui adresse (Briefwechsel
zwischen August Böckh und Ludolf Dissen Pindar und anderes betreend, herausgegeben von Max
Homann
poèmes de Pindare (1825), « es ist eine wahre Freude zu sehen, zu welcher Reinheit nun der Text
gediehen ist » (193), est tout relatif.
4 elogio pindarico di Teosseno (fr. 123) rivisitato », dans S. Caciagli, ed.,
Eros e genere in Grecia arcaica
5 Nous avons cru bon, pour éviter tout malentendu, de traduire la plupart des passages de
Pindare que nous citons. Nos traductions sont personnelles et ne visent, comme le texte grec que
nous imprimons en tête de nos remarques et qui, le plus souvent, contient les leçons fautives ou
Pythiques, nous utilisons la traduction
Pindare. Pythiques
correction sans indiquer de références précises, c’est qu’on trouvera ces références chez D. Gerber,
Emendations in Pindar 1513-1972, Amsterdam 1976. Il arrive que, pour des raisons spéciales, nous
donnions des références précises même dans le cas où Gerber enregistre la conjecture concernée.
11
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694

en son Manuel de critique verbale 

dans la critique verbale des poèmes de Pindare s’est vu renforcer récemment6 par
un retour prétendu à la colométrie alexandrine, retour fondé sur une illusion : cette

aurait disposé de théories et de documents (les partitions musicales de Pindare)
lui donnant accès à la composition véritable et elle aurait utilisé ces documents7.
On trouve déjà, chez un musicologue, rythmicien et métricien de la stature de
Rudolf Westphal8, la fable d’une édition alexandrine munie de « notes musicales »
Apollonios « l’Eidographe », le successeur d’Aristophane de Byzance et le
prédécesseur d’Aristarque à la tête de la Bibliothèque du Musée d’Alexandrie
6 
révolution en métrique », dans K. Sier, E. Wöckener-Gade, eds., Gottfried Hermann (1772-1848),
      
prônait le retour non seulement à la véritable orthographe du latin (tout latiniste connaît directement
ou indirectement son Hülfsbüchlein fur lateinische Rechtschreibung) mais aussi à la colométrie
d’avant Boeckh (cf. « Kritische Streifzüge. II. Metrik und Musik », RhM 
Brambach n’aurait jamais admis les irrégularités monstrueuses qui ne gênent pas certains de ses
successeurs, et, pour lui (voir H. Weil, Études de littérature et de rythmique grecques
185-91), la question était plutôt de remettre en lumière le colon, que la « période » boeckhienne avait
relégué à l’ombre.
7 E. Rocconi (CR
29-31 Pöhlmann-West du compositeur de la cour d’Hadrien Mésomède, mais aucun fait à la fois
positif et pertinent, depuis quelque 125 ans que ces paroles mémorables de U. von Wilamowitz
(Textgeschichte der griechischen Lyriker         
ébranler : « Die Grammatiker haben die Musik principiell und durchgehends verworfen. Ohne Frage
haben sie Handschriften besitzen müssen, die auch Noten gaben, wie die delphische Steinschrift.
Das Commersbuch bedurfte sie wie das Gesangbuch, und vollends die ausübenden Künstler, die
Techniten, mussten Melodien haben, nicht bloss für Dithyramben, sondern auch für die Monodien
der Dramen und was etwa noch vom Chore gesungen ward. Aber die Grammatiker haben das
verworfen ; ihre Kolometrie rechnet nur mit einer Metrik, die sie erst schufen, und ihr Ziel ist, wie
sie selbst es formuliren, . Ohne Zweifel haben sie, indem sie die classische Musik für tot
erklärten, ihr vollends den Garaus gemacht ». Tout le monde ne partage pas le point de vue exposé
dans la note suivante, appendue à « was etwa noch vom Chore gesungen ward » : « Der Art ist das
Wiener Blatt aus der Musik zu dem Orestes des Euripides 
die eignen des Euripides zu behandeln, zumal der Text, den man controllieren kann, elend ist ». Il est

Documents of Ancient Greek Music, Oxford

Encore faut-il expliquer, si Euripide est l’auteur de la mélodie, comment il se fait que le texte grec sur
Collected Papers
on Greek Tragedy
8 Die Musik des griechischen AlterthumesGriechische Metrik2
1868, 622). Un musicologue aussi compétent et talentueux que H. Abert, Die Lehre vom Ethos in der
griechischen MusikGriechische Verskunst,

d’Aristoxène.
Gauthier Liberman 12
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
d’après P. Oxy. 1241 col. II9, aurait classé les odes de Pindare en fonction des
« Octaven-Eide » des mélodies originales. Et pourtant le même Westphal,
disciple enthousiaste de Boeckh, rejetait, comme son maître et à bon droit, la

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colométrie alexandrine, qui ont raison contre lui sur ce point, il voyait dans la
colométrie transmise une altération « terrible » de la colométrie alexandrine11 !

alexandrine, il aurait, en toute logique, pensé ou que les collègues d’Apollonios
n’ont pas exploité les documents musicaux utilisés par lui ou que ces documents
ne leur ont pas permis de comprendre la composition métrique véritable des
poèmes de Pindare12       
9 ZPE
22-38, spéc.    
Wilamowitz, Kleine Schriften, I, Berlin 1935, 412, donne pour celle du papyrus résulte d’un lapsus,
qui est parfois pris pour une position du grand érudit et une fois même fonde la mise en conformité
du papyrus avec cette prétendue thèse !
 Histoire du texte de PindarePtolemaic
Alexandria           Singing Alexandria 

et Prauscello est à plusieurs égards problématique. D. Mastronarde chez Prauscello se fonde sur
   
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
pour « distinguer les classes (d’odes) en fonction des modes musicaux » (interprétation incertaine),


de la bibliothèque) », mais, selon toute apparence, « versé (dans la gestion de bibliothèque) », cf.
septuaginta, 1 Esdras

       
qu’Apollonios disposait vraiment d’une documentation musicale complète. Nous sommes enclin
à aller plus loin qu’Irigoin, Fraser et Prauscello et à approuver E. Graf, De Graecorum veterum
re musica quaestionum capita duo, Marbourg 1889, 83 : la notice relative à Apollonios est une
      
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Henrici Stephani thesaurum graecae linguae ex musicis graecis excerpta, Zwickau 1867, 8-11, et
comparer J. Chailley, La musique grecque antique

que le seul avis pindarique d’Apollonios que nous connaissons porte sur la deuxième Pythique, non

 Pindare. Pythiques, 57-8. U. von Wilamowitz, Pindaros, Berlin 1922,

11 Rhythmik und Harmonik nebst der Geschichte der drei musischen Discipli-
nen
12 
by modern editors has no musical meaning » (« The Dynamics of Pindar’s Music : Ninth Nemean
and Third Olympian », ICSDie delphischen
Hymnen. Untersuchungen über Texte und Melodien, Göttingen 1894, 58.
13
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
texte en vers, tradition musicale et tradition colométrique ne se superposent donc
pas : il y a solution de continuité entre elles. Ce qui atteste l’ancienneté de la
tradition musicale par rapport à la tradition colométrique, c’est que le texte lyrique
y est disposé comme de la prose, sans répartition en vers13, comme l’écrivait par
exemple Pindare, mais, à en juger par le papyrus des Perses de Timothée, en
séparant les strophes et, le cas échéant, les éléments du « système » triadique.
14 avec profondeur, « ipsi veteres carmina composuerunt
accuratius quam litteris perscripserunt ». Quelque témoignage controuvé ou
tendancieusement interprété qu’on fasse valoir pour l’autoriser, la colométrie
« néo-alexandrine » s’auto-détruit par les accidents métrico-prosodiques qu’elle
engendre : les faits sont là, inescamotables15.
O. 1.3-7





« Si tu souhaites, mon cœur, dire les joutes, n’envisage nul autre astre brillant
              
pas de concours supérieur à celui d’Olympie ». Nul ne doute aujourd’hui16 que
 ne soit un subjonctif aoriste à voyelle brève. C’est, si nous ne nous
abusons, le seul exemple chez Pindare d’un subjonctif à voyelle brève exprimant
une défense (contreposer le subjonctif à voyelle longue I. 8.6a-7, 
). Cependant  nous semble
13 op. et loc. cit. ; Pöhlmann-West, Documents of Ancient Greek Music, 15.
14 K. achmann, De choricis systematis tragicorum Graecorum, Berlin 1819, 6.
15 O. 

Pindaro. Le Olimpiche
chose v. 57-9, 88-9). Comme on s’en doute, la colométrie boeckhienne répartit dans chacun de ces

          
alexandrine, W.S. Barrett, Greek Lyric, Tragedy, & Textual Criticism
16 Pindar’s Olympian One : A Commentary-
el Subjunctives in Pindar », HSCPh Cette dernière étude n’est pas sans pâtir de
circularité dans l’argumentation : lorsque, dit Gerber, Pindare utilise le futur « with reference to
his profession as a poet », il emploie « normally » le singulier, et, pour distinguer les subjonctifs
pluriels des futurs, Gerber s’aide de ce critère, qui, en réalité, présuppose la distinction qu’il est censé
contribuer à prouver. Gerber ne discute pas P. 

encore nos louanges à ces nobles frères, parce que haut ils portent et accroissent le régime des
Thessaliens » : le futur nous paraît là incontestable. P. Maas, Kleine Schriften
tient O. 
Gauthier Liberman 14
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
se situer sur un autre plan que l’impératif  et constater l’impossibilité
pour le poète de nommer « un concours supérieur à celui d’Olympie » ainsi

Si donc la conjonction de coordination  ne semblait pas l’exclure, le futur de
l’indicatif17

à celui d’Olympie »18. Serait-ce que, par suite d’une « faute par persévérance »,
 a causé la substitution de  ? Pour le changement de négation
associé au changement de mode, comparer Prometheus uinctus
, « cela, tu ne l’apprendras pas maintenant19, et n’insiste
pas pour que je te le dise » ; Démosthène, de falsa legatione 149, 

niant un verbe au futur n’est pas correct, Schneidewin21 jette Sophocle, Aiax
572. « Etenim, ajoute-t-il, ita non solum vetamus, sed simul condimus neminem
facturum quod vetamus ». Mais, dans le passage de Sophocle, les deux négations
, v. 56722.
17 
passage que nous étudions ; voir B. Delbrück, Vergleichende Syntax der indogermanischen Sprachen,
Ilias
            
rejette la doctrine de son collègue Karl Brugmann (1892), que défend dernièrement, sans rappeler
son premier inventeur, A. Willi, Origins of the Greek Verb    

émancipé du subjonctif aoriste sigmatique ; ce futur « émancipé », originellement un subjonctif
aoriste sigmatique à voyelle brève, exprime un des sens primitifs du subjonctif en s’y spécialisant
Formenlehre der griechischen Sprache, II, Jena
 Das indogermanische Verbum, Jena 1873, 377 et 565-8), et à G. Curtius
Das Verbum der
griechischen Sprache2 qu’on doit l’idée que la voyelle brève, loin d’être
un écart par rapport à la norme, est primitive.
18 Pindar. Siegeslieder
« spähe nicht mehr neben der Sonne nach einem anderen Gestirn, wärmender leuchtend bei Tag,
durch den einsamen Äther — einen Wettkampf, mächtiger als Olympia, werden wir nicht nennen ».
Dans des notes en notre possession prises par G. Pöthko lors d’un cours de G. Hermann professé

circumspicere interdiu lucidum sidus vacuum per aethera. Neque Olympico certamen praestantius
dicemus ».
19 O. 2.57.
 Kleine Schriften
21             
         Ilias       

Ausführliche Griechische Grammatik, Zweiter Teil, Satzlehre, Zweiter Band 
 Kühner-Gerth, Ausführliche Griechische Grammatik, 186, acceptent chez Pindare
et le futur 
22   Ausführliche Griechische Grammatik, 187. Dans le premier tirage
   Ajax   
Ajax
15
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
O. 1.25-27
 


« De lui (Pélops) s’éprit le puissant Poséidon Gaiaochos. <Pélops avait une
marque spéciale,> car c’est pourvu d’une épaule éclatante d’ivoire que Clotho
l’avait retiré d’un chaudron pur ». Il y a là, croyons-nous, un exemple de 
« elliptique »23, idiotisme selon lequel la proposition introduite par  se
rapporte non à la phrase précédente mais à une idée non exprimée que suggère
le contexte et dont nous proposons entre les crochets obliques une formulation.
            
les commentateurs à disputer pour savoir si , rapporté directement à ce qui
           
Poséidon s’est épris de Pélops parce qu’il était doté d’une épaule d’ivoire, ce
24 juge, à juste titre, croyons-nous, « hardly conceivable ». Mais le
sens temporel25 suggère que Poséidon s’est épris d’un bébé, ce qui, quoi qu’en ait
26. Nous n’ignorons pas qu’on peut tenter
s’il s’agissait d’une proposition indépendante, mais la traduction commentée de P. Demont (Paris
 Oed. rex 1427, aussi allégué par
Schneidewin en 1849, ce passage n’est pas pertinent, car les négations s’y trouvent dans une relative
(Kühner-Gerth, Ausführliche Griechische Grammatik, 186, en expliquent la valeur mieux, à notre
       là-dessus E. Bruhn,
Anhang 
1899, 88 § 159 III ; Maas, Kleine Schriften, 32 n. 15 ; A.C. Moorhouse, The Syntax of Sophocles,

23 De hypotacticis et paratacticis argumenti ex contrario formis quae reperiuntur
apud oratores Atticos
ouvrage, dont l’intérêt considérable dépasse le champ des orateurs attiques). Gebauer recommande

la virgule, et c’est ce que nous avons fait dans le texte imprimé en tête de notre observation. Cet

Lexicon to Pindar
« quoniam » (voir C.K. Reisig, Vorlesungen über lateinische Sprachwissenschaft, Neu bearbeitet von
J.H. Schmalz und G. Landgraf, III, Berlin 1888, 288). Nous étudions une autre occurrence (O. 2.98)
O. 
24   Commentaries on Pindar, Volume II  
1988, 17. P. Brandt, De particularum subiunctivarum usu apud Pindarum    
              Greek
Homosexuality, Cambridge, Mass., 19892, 198, admet que Poséidon est « in love with his white
shoulder ».
25  La Syntaxe de Pindare
26         Scholies à Pindare, Volume I,
Vies de Pindare et scholies à la première Olympique   
poétique », la « beauté intemporelle » de Pélops et rapprochent le cas d’Hermès, « à la fois enfant
et capable d’exploits adultes le jour même de sa naissance ». Mais une chose est d’accomplir des
« exploits adultes » en restant un tout petit, autre chose est de naître avec une beauté « intemporelle »
Gauthier Liberman 16
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
27
pâture aux dieux par son père et qu’elle pourvoit le garçon d’une prothèse, mais
nous rejetons cette interprétation au motif que Clotho s’occupe des nouveaux-
nés — des véritables nouveaux-nés, non des mortels qu’il faut faire renaître28.
, par l’adaptation de la
version traditionnelle à ce que Pindare juge être la vérité, même si Wilamowitz29
rappelle que l’emploi du mot  au sens de bassin d’ablution est homérique.

le malheureux Pélops et où celui-ci était reconstitué, et Pindare conserve le
chaudron en en changeant la destination, puisqu’il devient le bassin où Clotho

du cannibalisme de la version traditionnelle31 devient pur grâce à la prestidigitation
pindarique. Au moment où, selon le récit de Pindare (v. 36-42), Poséidon, invité
par Tantale à un banquet où il régale les dieux, s’éprend de Pélops, ce dernier est
un 
c’est là que Poséidon le voit et a le coup de foudre.
O. 1.28-29
 
 

« Assurément, il y a plein de miracles, et cependant il m’est avis qu’en même
temps le dit des mortels, histoires ouvragées au delà de la véridicité au moyen
            
interprétation32 semble consister à faire du nominatif singulier  le sujet
et de  l’apposition à ce sujet, le verbe conjugué, , s’accordant
en nombre avec l’apposition, qui lui est contiguë, et non avec le sujet, qui est
éloigné33. Mais 
grande qu’un COD de  semblerait le bienvenu, même s’il n’est pas
susceptible de séduire Poséidon dans le cadre attendu de la « Knabenliebe » traditionnelle.
27 Olimpiche,

28           Quaestiones epicae,

lucem editum in cortina lauat ».
29 Pindaros, 234.
 Scholie à la première Olympique
31 Homo Necans, trad. P. Bing, Berkeley-
Pindaros, 237, suppose que l’histoire refusée par


32 Pindaros, 235 n. 1.
33
Cynthia. Monobiblos de Sextus Properce
17
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
rigoureusement nécessaire34
(cf. scholie 44b, 

and grammar ». Pour la grammaire, nous sommes d’accord, mais quid du sens ?
Si, comme le veut le critique auquel la scholie paraît renvoyer,  pouvait
équivaloir à          

esprits des mortels »), mais cette équivalence est impossible. C’est bien 
 (leçon des « libri interpolati », comme dit Schroeder) ou  que l’on
attend, mais, s’il s’agit d’un de ces deux mots, comment s’est-il vu substituer ?
Se pourrait-il que le souvenir ou le rapprochement de P. 3.112, 
35,          
légendes chez les hommes »36, soit venu parasiter le libellé originel du passage
de l’Olympique  ou  ? Il est peut-être plus plausible
de suggérer * ou plutôt *37, « diaphragme » (?) puis
« siège de la pensée »38, équivalent sémantique au moins approché de  : le
34      DGE s. v. I.3 cite, avant le passage de Pindare,
Odyssea 9.414.
35 Pindare, Pythiques, 86.
36 Wilamowitz, Pindaros, 235 n. 1, croit (on l’oublie) que dans    ’,
   ,   , , le mot 
n’est pas plus que dans le passage de l’Olympique une apposition, en l’occurrence à  
. 
connaît Nestor et Sarpédon » devient « le discours des mortels (…) nous connaissons Nestor et
Sarpédon ». Ainsi, le passage de la Pythique corroborerait le texte et l’interprétation wilamowitzienne
du passage de l’Olympique. Mais l’anacoluthe supposée par Wilamowitz paraît vraiment trop forte,

37 Epigraphica
  Euripide (cf. C. Goettling, Allgemeine Lehre vom Accent
der griechischen Sprache, Jena 1835, 272 § 7 ; H.W. Chandler, A Practical Introduction to Greek
Accentuation, Oxford 18812
            Opera et dies 426
(cf. A. Rzach, Der Dialekt des Hesiodos
mais étymologique ; Schwyzer, Griechische GrammatikHesiod. Works &
Days
      Grammatik zu Sappho und Alkaios, Berlin 1957, 53 § 111 d),
Griechische Grammatik
Die aiolischen
Dialekte         des recueils
The Grammar of Attic Inscriptions, II, Berlin-
.
38 Glotta 65, 1983, 182-93, qui examine
les emplois du mot chez Pindare. Dans Psychological Activity in Homer

les deux mots chez T. Benfey, Griechisches Wurzellexikon, I, Berlin 1839, 337 ; voir également, dans
Etymologische Forschungen2
ap. H. Paul, W. Braune, eds., Beiträge
zur Geschichte der deutschen Sprache und Literatur, XIII, Halle 1888, 461-3, étudie le vocable et
Gauthier Liberman 18
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
très rare singulier39 est attesté chez Pindare (P. 2.61, 
), qui a aussi les accusatifs  (2x, à côté de  1x) et  (P.
8.71, mais à interpréter autrement dans I. 5.58 ; en O. 2.6, on lit en général,
avec Hermann, le datif 41),  (3 x)42 et les génitifs  (4 x) pour
,  (P. 6.33 ; fr. 52f.79 Maehler) pour ,  (N. 8.16)
pour 43 >  (jugé, non sans
raison, incompréhensible si on prend le mot dans son acception normale) > .
Relevons que, si l’on substitue  à  dans la scholie 44b, 

Mémoires de la Société de linguistique de Paris
sans le nom de Havet, par R. Beekes, Etymological Dictionary of Greek,
IF

étymologiquement liés entre eux.
39 Singular und Plural
 
Crux : Isthmian 5.56-63, Text and Interpretation », TAPhA 128, 1998, 25-88. Nous ne goûtons guère
la correction que propose Silk et adoptons celle de Wilamowitz, Pindaros
 
après coup (c’est-à-dire après l’échec), point (latin « pungit ») l’espoir ». Silk ignore les locutions
Griechische Grammatik, I, München 1939

« o-pi », préposition, peut-être adverbe, cf. F. Aura Jorro, Diccionario micénico, II, Madrid 1993,
37), et Silk se méprend sur le sens de la correction de Wilamowitz, bien que ce dernier l’ait expliquée

retrouver un précieux archaïsme conservé par Pindare. Mais il y voit à tort un substantif : il s’agit


41 Olympian 2.5-7, Text and Commentary », CQ

tant que c’est juste », locution peu poétique qui amène Silk à opérer un changement de la construction



pire que le mal. Bergk lui-même n’avait pas adopté sa conjecture, proposée pour rendre compte de
Pindari carmina
form of a word in a problematic sense », mais, pour la forme, voir Schroeder, 35 § 75, et, pour ce qui
est du fond, W. Porzig, Die Namen für Satzinhalte im Griechischen und im Indogermanischen, Ber-
lin 1942, 352, montre que , « regard » (en mauvaise ou bonne part), ne se limite pas à la sphère
religieuse des relations entre dieux et hommes mais englobe aussi les rapports humains. Il allègue


42   Der Dialekt des Hesiodos     Grundzüge der griechischen
Etymologie  5, 639-41 ; É. Boisacq, Les dialectes doriens    
Schwyzer, Griechische Grammatik, I, 464-5 ; Blümel, Die aiolischen Dialekte, 249 ; Threatte, The
Grammar of Attic Inscriptions
43 
forme plus usuelle, nous supposons que la forme rare était plus exposée à la corruption. Il est vrai
que, chez Euripide, Bacch.
sujette à corruption.
19
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
, l’explication de
 par 
variante « traditionnelle », du moins à une conjecture antique  ? W. Christ
(1869) a envisagé le rare , que son sens (« prudence », « sagesse ») exclut.
O. 1.47-51



 

Poséidon ayant enlevé Pélops et les simples mortels l’ignorant, quelque voisin
envieux inventa l’histoire du cannibalisme divin dont Pélops est censé avoir été
la victime. Traduction provisoire : « sans tarder, quelque voisin envieux racontait
à voix basse qu’ils t’avaient (dorien 44) découpé au couteau membre par
membre pour te jeter dans l’eau parvenue à ébullition et qu’à table ()
ils s’étaient réparti, au second service (), tes chairs (, génitif
partitif) et qu’ils les avaient mangées ». Depuis le monument de l’ecdotique
classique qu’est, sous le rapport de la « recensio », l’« editio maior » (Berlin
1864) de Tycho Mommsen, on substitue généralement à la leçon non métrique des
mss. dits « veteres »  et à la correction byzantine  la leçon
 tirée de la paraphrase de la scholie 77a, 
          
ni Catenacci (et ils ne sont pas les seuls à observer un silence arrangeant) ne
prennent la peine d’expliquer par le menu  (…) 
. Race45 traduit « into water boiling rapidly (…) they cut up your limbs »
mais, si l’anglais « to cut up into
grec 
ajoute opportunément le mot manquant en paraphrasant .
              
 n’est peut-être qu’un bouche-
trou et le  des scholies, s’il représente une leçon « traditionnelle » et n’est pas
une béquille de paraphraste, n’est peut-être qu’un mot, métrique celui-là mais
problématique du point de vue de la phraséologie, destiné à remédier, dans la
source de toute la tradition textuelle46, à la disparition de la préposition régissant
44 Kleine Schriften, I, Göttingen 1953, 29 ; Schroeder, Pindari carmina,
35-6 ; U. von Wilamowitz, Kleine SchriftenN. 5.43.
45 W.H. Race, Pindar, Olympian Odes, Pythian Odes   

Bossler, De praepositionum usu apud Pindarum
pronom personnel.
46 Nous ne parlons pas de l’archétype de la tradition manuscrite médiévale, mais de la source
Gauthier Liberman 
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
. Il faut, suggérons-nous, reconnaître que la conjecture byzantine 
 peut donner un sens satisfaisant, plutôt temporel, « vers le moment où
l’eau parvint à ébullition »47, que local, « près de l’eau parvenue à ébullition »,
et que la disparition de  entre - et - s’expliquerait. Mommsen48 trouve
 « minus recte dictum » (il se garde bien lui aussi d’expliquer ) et
conteste la répétition de 
dans O. 13.37 et 3949. Si toutefois  est la leçon véritable, alors nous ne voyons
guère comment éviter de restituer un verbe dont puisse dépendre , par
exemple en lisant 51 et en considérant  comme
une interpolation. Cette interpolation serait due à la mécompréhension de 
« toi ») et à l’intention de fournir un complément d’objet au verbe 
(). Mais l’éjection de  semble dommageable, surtout si l’on
s’avise qu’il pourrait bien y avoir là un cas méconnu de  (
« toi ») 52 () :  (« coupèrent en morceaux ») .
         
53, mais le texte traditionnel et toute exégèse fondée sur lui sont faux
si Eduard Scheer54, philologue très brillant, très attentif et scrupuleux aussi,
auteur d’une édition justement célèbre de l’Alexandra
de lire  — ce qui est moins une correction
de la tradition qu’une autre façon de l’interpréter — et de comprendre « sur
les tables (55) ils se répartirent les extrémités de tes parties
même de l’édition alexandrine.
47 Cette nuance de la préposition n’est pas chez Pindare, qui l’emploie au sens temporel avec
l’accusatif pour dire la durée, (« during, for », Slater, Lexicon to Pindar, 41 s. v. A.I.2 ; Bossler,
De praepositionum usu, 46). Mais l’emploi que nous supposons est attesté dans le mot homérique
Lexilogus zu Homer, Halle 1914, 41-2),
ainsi que chez Eschyle, Ag.
     Anab. 1.8.1 (voir Delbrück,
Vergleichende Syntax der indogermanischen Sprachen
48 Annotationis criticae supplementum ad Pindari Olympias, Berlin 1864, 5. Nous croyons que
Mommsen ne perçoit pas le véritable sens de la préposition.
49 « Nullam sane praepositionem Pindarus magis amat nec in ullius usu magis proprius est quam
De praepositionum usu, 41.

Galien (de dierentiis febrium            

51   Pindare. Pythiques   

52 La syntaxe de Pindare, 94 § 89.
53 

se trouve chez Athénée 14.641CD.
54 Miscellanea critica, Plön 1887, 2-8.
55 Avec Mommsen, Supplementum

Electra
21
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
       vise l’omoplate goulument
consommée, comme, selon Scheer, l’indique ce passage de l’Alexandra, 154-
5, où il reconnaît une allusion à Pindare et une sorte d’imitation, 
, « après
avoir coupé en morceaux ses parties non charnues, (Déméter) entomba
  
aussi Pindare : « poeta grammaticus grammaticos lectores admonet omnibus
diis tribuisse Pindarum, quod uni Cereri tribuendum esset ». Scheer voit,
          
 une glose de  chez Pindare, et nous notons que 
semble faire écho à . Hornblower56, qui ne connaît pas les analyses
de Scheer, préfère suivre Jean Tzetzès et voir en   
copulatif et non privatif) l’équivalent de , mais l’explication de
    
pas de faire valoir contre l’interprétation de   au sens de « les
extrémités de tes chairs » le fait qu’on attend « extrema ossium » plutôt que
 même si on
ne le rattache pas à  :  cadre mieux que  avec la prothèse
éburnéenne de l’épaule. Scheer57 rattache l’adjectif neutre pluriel substantivé
 « parties non charnues » à , comme  se rattache à . Il
écarte l’explication de  comme forme ionienne de  « extrémités » :
cf. Galien, uocum Hippocratis glossarium 38.156 Perilli,  . Il
est erroné de présenter  comme la forme dialectologiquement ionienne
correspondant à 58 : si, contrairement à ce que pense Scheer, 
,
attesté dans le grec byzantin59. D’après Scheer,  est un emprunt de la

partes victimae et quae ad dapem nihil conferrent » ; à l’époque, explique-
56 S. Hornblower, Lykophron : Alexandra2.
57  TLG I 1291C            

attentivement les passages de la littérature médicale tels qu’il pouvait les connaître alors, c’est-à-dire
sans disposer toujours d’éditions critiques adéquates.
58 Galeni vocum Hippocratis glossarium
, e in questo caso Galeno indica che il termine usuale in Ippocrate
è il primo
LSJ
le TLG
Index Hippocraticus

59 ap. F. Bechtel, Die griechischen Dialekte, III, Der ionische Dialekt, Berlin

dans le Pseudo-Callisthène, Roman d’Alexandre, « recension ashburnienne » : le mot est donc « früh-
mittelgriechisch », et le Lexikon zur byzantinischen Gräzität d’E. Trapp, qui ne cite pas le Pseudo-
Callisthène, enregistre néanmoins ce substantif, absent des dictionnaires de grec pré-byzantin.
Gauthier Liberman 22
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694

ne désigne plus que les extrémités d’un individu humain ou animal et le
souvenir de l’origine du mot s’est perdu. Formons le vœu que les spécialistes
de Pindare, ceux de la médecine et de la religion grecques tiennent compte de
cette hypothèse au moins ingénieuse de Scheer.
O. 1.56-58
……………………… 
 
 

« Du fait de son insatiabilité il (Tantale) reçut un malheur énorme, que son père
suspendit au dessus de lui, imposant rocher que sans cesse il désire écarter de sa tête,
 (Hermann)
à . Plus d’un éditeur moderne admettent ensuite  (Fennell) sans percevoir la
 seul pour désigner Zeus61. Comme, de surcroît, ce père
ne devrait pas, croit-on, désigner le père de Tantale62 et que  a le défaut de
ne pas exclure cette interprétation présumée dommageable, nous suggérons de lire
 ou plutôt    (cf. O. 2.27,   ; P. 3.98 ; 4.23 ; fr. 93.2
Maehler ; O. 7.87,  ; 13.26 ; N.I.
faute surprend, car on s’attend à l’ajout frauduleux de « Zeus » (cf. O. 7.49) plutôt
qu’à sa disparition, mais ici la nomination de Zeus paraît presque nécessaire, si
             
Zeus comme père de Tantale. Il nous semble abusif de dire, comme Gerber, que

théonyme s’expliquerait par l’intention de faire apparaître nettement que c’est le
père de Tantale qui châtie ce dernier. Quant au relatif, son rattachement à  nous


61 Die neuen Responsionsfreiheiten
bei Bakchylides und PindarMaasiana & Callimachea,

R. Feldmeier, eds., The Divine Father. Religious and Philosophical Concepts of Divine Parenthood
in Antiquity ee s.).
Horace, lui, emploie « Pater » seul pour Jupiter (voir carm.

62 « In Euripides (…) and commonly thereafter, Zeus is named as the father of Tantalus, but it
is unlikely that Pindar would want us to think of this relationship in a context where Tantalus is the
very antithesis of the victor, an additional argument against reading   in the sense of pater
eius 

père de Tantale. Nous ne connaissons aucune donnée positive en faveur de l’idée qu’avant Euripide

23
Olympica Pindarica (I)
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paraît, du point de vue de la langue, un progrès manifeste : 
, « un malheur énorme, l’imposant rocher que
son père suspendit au dessus de lui »63. Schmidt64, l’auteur de la conjecture , et
Maas, qui la recommande, se sont seuls avisés de ce progrès. Si l’on veut garder
 en admettant que Pindare a en vue Zeus, père de Tantale, on remarquera que la
restitution de  atone est

(et il n’est pas le seul) évite 
une subtilité remarquable découverte par P. Maas65.
   semble peu approprié ici66 et le parallèle de I. 
,
« puisqu’un dieu a détourné le rocher de Tantale suspendu au dessus de notre
tête »67, suggère que Pindare avait écrit 
sans préposition ou préverbe est plus obscur avec  qu’avec : voir Ilias
 (68.
  et inquiété par l’emploi inhabituel du génitif ablatif seul,
Gildersleeve69 va jusqu’à envisager d’entendre « s’attendant sans cesse à ce que
l’imposant rocher atteigne sa tête ». Peut-être l’expression  a-t-
elle fait naître dans l’esprit d’un copiste l’idée d’un jet et amené le fautif 
(cf. O. 8.55, , « que la jalousie ne me prenne
pas pour cible en me jetant une pierre coupante »).
O.


 
63 Rapprocher, si besoin est, Plutarque, Vita Antonii      

64 M. Schmidt, Pindars Olympische Siegesgesaenge griechisch und deutsch
65 Metrica greca, trad. A. Ghiselli, Florence 19792, 112.
66 O.

67 Rapprocher l’imitation de Boeckh, à propos de son commentaire à Pindare co-écrit avec Dissen,
« Ich singe nun ein Te Deum, daß wir zu Ende sind. Es ist mir ein großer Stein des Tantalos vom
Kopfe » (Briefwechsel zwischen August Böckh und Ludolf Dissen Pindar und anderes betreend,
herausgegeben von Max Homann
68 LSJ
     Ilias
LSJ s. v.
TGLOdyssea
Homer. Odyssey, Books VI-VIII, Cambridge 1994, 193, suit le LSJ, mais, dans ces



69 Pindar, The Olympian and Pythian Odes
Gauthier Liberman 24
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694

parmi ceux d’aujourd’hui, qui soit tout à la fois connaisseur des beaux desseins et
plus seigneurial (que Hiéron de Syracuse) en matière de pouvoir ». Cette traduction

traductions qui ajoutent « davantage » devant « connaisseur », à moins que les
auteurs de ces traductions ne montrent qu’en grec un comparatif de supériorité



ou, si l’on préfère, le dimètre choriambique – – prenant dans ce seul
vers la forme – –, , ce qui est impossible, ou
du moins, en reconnaissant sous  le dorien  (O. 3.21), la forme – – –
–. Wilamowitz admet cette impureté de responsion, mais le grand métricien
éponyme du « wilamowitzianus » (nom donné au dimètre choriambique par P.
Maas pour honorer son illustre maître) ne semble pas s’aviser que, si la substitution
d’un choriambe à un ditrochée est légitime, la juxtaposition de deux choriambes
ne forme pas un « dimètre choriambique »71

 (Hermann) est purement paléographique
(confusion 
(– – – – – >, qui introduit le
mot dont on a besoin72, mais ils auraient pu s’aviser qu’il est aisé de rendre cette
conjecture métrique en lisant (73. Rapprocher
O. 2.93-4, 
, « qu’aucune cité, en tout cas depuis cent ans,
n’a fait naître d’homme plus évergète au fond de son cœur et plus généreux de
sa main ». Alors l’adjectif 
dans la séquence , mais Heimer74 a montré que, s’agissant de cette
 Wilamowitz, Griechische Verskunst, 237 n. 1.
71 Ce paradoxe apparent résulte d’une terminologie doublement inadéquate, car le « dimètre
choriambique » n’est pas un dimètre et la juxtaposition de deux choriambes n’est pas un « dimètre
CQ 32, 1982, 59-74,
spéc. 59 n. 5 et 61.
72 
même si Barrett, Greek Lyric
supposée par Maas est « very uncommon »).
73 Ainsi déjà Bergk (1843). Dès la seconde édition des Poetae lyrici Graeci (1853), Bergk renonce

 voir J.D. Denniston, The Greek Particles, Oxford 19593, 514. Il ne cite aucun exemple pindarique,
mais J.A. Hartung, Lehre von den Partikeln der griechischen Sprache, Erlangen 1832, I, 89, allègue
I. 



74 A. Heimer, Studia Pindarica
25
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
famille de mots comme dans le cas d’autres familles, Pindare admet ou délaisse
             
confusion de et de , elle n’est pas rare et elle ne se cantonne probablement
pas à la confusion de leurs abréviations respectives75 : rien d’étonnant à ce que ces
petits mots coordonnants parfois équivalents76 soient écrits l’un pour l’autre. Mais
ici la rareté du balancement  et la banalité de 
la substitution du second au premier. Cette substitution ruinait le vers, qu’on aura
remis sur pied au moyen d’un remaniement et de l’introduction de la cheville .
O. 


_______
(épode)



Pindare s’adresse à Hiéron. « Si <comme c’est mon vœu> ton dieu protecteur
continuait longtemps de ne pas te délaisser77, je compte composer un jour prochain
      , accusatif de l’objet
interne avec expression de la seule épithète du substantif tiré de l’idée verbale78),
75   Commentatio palaeographica de F.J. Bast chez G.H. Schaefer, Gregorii Corinthii
et aliorum grammaticorum libri de dialectis linguae Graecae      
Herodotea, Studies on the Text of Herodotus
76 De Graecorum veterum re
musicaLa syntaxe de Pindare
selon laquelle, dans P. 

fasti
l’autre », non « l’un et l’autre » !
77   ohne Modalpartikel mit Konjunktiv, im futur-
ischen  mit Optativ », dit P. Maas, Epidaurische Hymnen, Halle 1933, p. 11 de l’extrait, n. 2. Dans
Die Verbal-Flexion der lateinischen Sprache, Jena
1873, Westphal veut que «  mit dem Optativ und im Nachsatze das Futurum steht, wenn der Sinn

ganz unmöglich, aber doch für unwahrscheinlich’ » (319). Selon Gerber, 164, « to express the wish
that the gods not abandon one who is successful, far from casting a pall over the joyous celebration,
constitutes in reality a form of praise, since by the very wish Pindar is implying that divine assistance
is deserved ».
78 O. 7.82   , sc. , c’est-à-dire   
.      N.     
manquent chez Mme Hummel, La syntaxe de Pindare, 92-3. Comparer « ire longius », c’est-à-dire
 Arg.  

Gauthier Liberman 26
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
en me rendant, avec un char véloce79, auprès de la bien visible colline de Cronos
après avoir trouvé pour les mots que je dirai une voie d’auxiliaire. C’est que la Muse
me nourrit en force un trait puissantissime ». On a là le seul exemple chez Pindare
de    81 ; or la famille    et, comme le remarque
Schroeder, « particulam non exprimunt scholia » et « pronomine () quod uno
quasi ore testantur paraphrases et scholia aegre carebis ». Il suit (Schroeder l’a vu)
de ces trois constats que Pindare avait probablement utilisé le pronom dorien 82
83. On obtient alors
une tournure extrêmement idiomatique,    , double
accusatif dont l’un est un accusatif de l’objet interne84, « je compte un jour prochain
te célébrer en un chant de gloire (encore plus doux) ».
Même si Meusel85 étudie longuement les passages pindariques plus ou moins
analogues en privilégiant la recherche (modérément fructueuse, à notre avis) de parallèles
védiques, il vaut la peine de se pencher encore, mais brièvement, sur l’expression
. On en rapproche le passage de la treizième Olympique,
v. 96-7, où le locuteur déclare  
, « car je suis venu en auxiliaire volontaire des Muses au trône éclatant
et des Oligaithides » (la famille du vainqueur). Il s’agit là d’une métaphore militaire,
comme on voit par la reprise d’un mot homérique, 
79 C’est le char des Muses ; nous ajoutons avec Schroeder que c’est aussi une allusion à la nature
de la victoire prévue par Pindare, victoire à la course de chars : voir O. Becker, Das Bild des Weges
und verwandte Vorstellungen im frühgriechischen Denken
raison l’interprétation « célébrer une victoire plus douce remportée avec un char véloce ».

81 Mme Hummel, La syntaxe de Pindare, 355, l’admet sans hésiter. W. Bäumlein, Untersuchungen
über die griechischen Modi und die Partikeln κέν und ἄν, Heilbronn 1846, 352, cite le passage parmi
« les attestations indubitables de la construction problématique ». Aucun des autres passages ne survit
à un examen averti ; nous discutons la question en étudiant Sophocle, Ant.
Sophocléens » dont la publication est programmée dans Hyperboreus.
82 O. 1.48.
83 Studia
nous occupe. Selon lui (4-5), Pindare n’a pas utilisé la lettre notant le « digamma ». Souscrivent à cette
opinion Schroeder, Pindari carmina, 33 § 66, et Wilamowitz, Textgeschichte, 46 n. 1 et 52, et Sappho
und Simonides, Berlin 1913, 94 n. 3. Selon lui, Textgeschichte, 48, lorsque le Thébain envoyait outre-
mer le texte et la partition de ses odes (cf. PPindare. Pythiques


phase ionienne-attique de la tradition du texte. En tout cas Pindare ne s’est pas servi du seul alphabet
ionien, qui, le dialecte étant psilotique, ne note pas l’aspiration initiale, car nous tenons pour avéré
que la mécompréhension du signe notant l’aspiration (« heta ») a entraîné une faute caractéristique

213, et notre remarque sur O. 7.12.
84 La syntaxe de Pindare, 97-8.
85 E. Meusel, Pindarus Indogermanicus
L’Olimpica XIII di Pindaro. Introduzione, commento e analisi metricaO.

bel et approfondi livre Das Bild des Weges
27
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
(dans la guerre) » et par la mention des traits, commune aux deux passages, puisque
les vers 93-5 de O. 13 sont 
, « quant à moi, qui décoche, en visant droit, un
tourbillon de dards, je dois éviter d’imprimer à mes nombreux traits, en les manipulant,
une impulsion propre à leur faire rater la cible »86
un mot dont le second élément (  ) semble étymologiquement
apparenté au latin « curro » (« *kr
 ») et « currus », « char »87, s’inscrit bien dans la
métaphore du char véloce des Muses, 88 : rapprocher O. 
, « puissè-je, sur le char à deux

route des mots dite  est celle où, sur un char de guerre « musical », le poète
court rendre service à celui dont il est l’auxiliaire militaire. Contreposer N. 6.53-4, 
       ,
« voilà ce que les poètes anciens ont trouvé en manière de route pour chariots à quatre
86 Mme Peri, L’Olimpica XIII di Pindaro     


[Horace, Carm.N. 7.71 ; voir G. Doblhofer, P. Mauritsch, M.
Quellendokumentation zur Gymnastik und Agonistik im Altertum. 3, Speerwurf, Wien
1993, 59]). Wilamowitz, Pindaros


stratégie encomiastique que suit Pindare dans l’ode et que Wilamowitz nous paraît expliquer très

l’absence de marqueur temporel correspondant à « jetzt darf ich nicht mehr » semblent constituer
des objections dirimantes. Il est vrai que, dans l’exégèse courante, le passage est aussi paradoxal



Poetologische Bildersprache in
der frühgriechischen Dichtung
87          Zeitschrift für vergleichende
Sprachforschung Studien zur lateinischen Lautgeschichte
Nous croyons que l’analyse des passages de Pindare contenant ce vocable corrobore la trouvaille de
Etymological Dictionary of Latin-Boston , 157 s. v. « curro »
et, comme Chantraine en son Dictionnaire (Paris 19992), Beekes, Etymological Dictionary, 442,

Kleine Schriften, Innsbruck 1983, 471-2) ainsi
 Pindare. Pythiques, 275 ; Barrett, Greek Lyric, 132 n.

   Diccionario micénico, I, Madrid 19992, 225-6. K.
Mahoney, « Mycenean e-pi-ko-woKadmos 
he who is in close proximity to the
 (warrior)he who is attached to accompanying the warriors’ » en fait, à nos yeux, un mot
bizarrement formé.
88 Sur le sens rhétorique pris plus tard par la vélocité (« uelocitas orationis ») dans le cadre
des métaphores équestres, à cheval ou en char, voir E. Norden, Kleine Schriften zum klassischen
Altertum
Gauthier Liberman 28
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
roues ; de mon côté, je suis leur chemin avec le sujet que je traite ». Pindare vient de
célébrer les Éacides et en particulier les hauts faits d’Achille à Troie ; l’opposition

sing of the Bassidae, who are also an ancient race (l. 32) »89
course à deux roues de Pindare s’oppose au chariot non militaire à quatre roues (tiré
non par des chevaux mais par des mules ou des bœufs !) des anciens poètes ; le char
à deux roues emporte donc, par contraste, l’idée de « nouveauté »91, qui cadre avec la
notion d’invention : cf. O. 3.4-6, 
92, « ainsi, si j’ose dire, la Muse
fut à mes côtés quand je trouvai une chatoyante manière nouvelle d’ajuster à la sandale
      93    
89 J. Bury, The Nemean Odes of Pindar        

et à celle des Bassides. Selon W.B. Henry, Pindars Nemeans, A Selection
s’agit des Bassides et de l’entraîneur Mélèsias ; d’après Mme Cannatà Fera, Pindaro. Le Nemee,
Nemean
Six : A Commentary », HSCPh
la question de savoir sur quel véhicule (char à quatre ou à deux roues ?) Pindare s’imagine être
lorsqu’il célèbre les Bassides.
Dictionnaire étymologique de la langue grecque
proprement le châssis d’un char à quatre roues et deux essieux (…), sur lequel est montée la
carrosserie (…); d’où « chariot à quatre roues » (Hom., ion.-att.), par opposition au char de guerre ou
Homers Ilias, Band VIII, Vierundzwanzigster
Gesang, Faszikel 2 : Kommentar
von Pferden, sondern von Maultieren (277-8 n. ; auch von Rindern : 782) gezogen ».
91 O. 9.47-9.
92 Sur cette épithète, voir M. Glaser, Die zusammengesetzten Nomina bei Pindar, Amberg 1898,
64 (« verherrlichend das Siegesmahl »).
93 Sur le passage, voir, outre J.H.H. Schmidt, Synonymik der griechischen Sprache
1886, 12-16, Graf, De Graecorum veterum re musica, 81-2 ; Abert, Die Lehre vom Ethos in der
griechischen Musik, 136 ; S. Hagel, Ancient Greek Music. A New Technical History
      ócs, C. Car-
ey, R. Rawles, eds., Reading the Victory Ode   77-8. Graf attire à bon

trochaïques » ou, comme on dit depuis Westphal, « dactylo-épitritiques » et le danger de la consécutive
association « ontologique » de ces mètres à l’« harmonie dorienne » : l’établissement d’un lien
consubstantiel entre mètres « dactylo-trochaïques » et « dorisme » est dû à Hermann (De dialecto
Pindari observationes
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prétendument naturelle, vivement et justement critiquée par Graf, que, dans O. 3.4-6, Pindare a en
vue le mètre. Rossbach et Westphal, Griechische Metrik1
de génie dans la distinction hermannienne des « strophes pindariques d’harmonie dorienne » et
« des strophes pindariques d’harmonie éolienne » qu’ils ont contribué à populariser (l’enthousiasme
s’amenuise chez Westphal, Allgemeine Metrik der indogermanischen und semitischen Völker, Berlin
              
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« dactylo-épitritique » hémiépès féminin + dipodie trochaïque (selon Héphestion, hémiépès masculin


29
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
donc implicitement contenue dans , le poète accourant
sur un char à deux roues, , qui s’oppose au char à quatre roues des
poètes anciens de N. 6.53-4. Nous traduisons , dont c’est, sous cette forme,
la première occurrence connue dans la littérature grecque94, par « serviable », mais le
rapprochement avec 
de mouvement (cf. , « feror »)95.
O.
 

96

« Assurément, s’agissant des mortels, le terme de leur mort97

98 », « nullus hominum mortis certus est terminus nec quando tranquillum
aujourd’hui éoliens (les « logaèdes » de Rossbach et Westphal) en référence à la métrique d’Alcée et
Sappho requiert, elle aussi, circonspection : voir Wilamowitz, Pindaros, 96.
94 PMGF. On
trouve chez Pindare, N.
valeureux ».
95 Terminons en recommandant quelques corrections indument négligées : O.  
   O.   
faute apparemment due au souvenir de Ilias
           O.
      
               

 à la page 26 de la seconde édition partielle, procurée par Schneidewin (Gotha-
Erfurt 1847), du commentaire de Dissen à Pindare.
96 
Untersuchungen zur
Sprache Pindars, Wiesbaden 1966, 48-55. Forssman envisage, « more suo », une variation de la


contre B.K. Braswell, A Commentary on the Fourth Pythian Ode of Pindar

97 
Pindarus’ tweede Olympische ode

Kleine Schriften,
         
« le moment où survient le terme qu’est la mort n’est pas connu des mortels ». Nous verrons qu’il
existe à ce problème une solution qui ne requiert pas de tour de passe-passe exégétique. Catenacci,
Olimpiche, 394, nous paraît avoir raison de considérer comme forcée (c’est peu dire) l’interprétation

anime non termina con la morte ».
98 
Gauthier Liberman 
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
99
à grands cris non « quand », , mais « si », , qui se trouve chez Bacchylide,
Eschyle etc. : « Wir Sterblichen wissen nun einmal nicht, wenn wir sterben müssen, und
sind nicht sicher ob (nous soulignons) ein Tag des ruhigen Genusses ungetrübt enden
wird » en
onciale et correction du reliquat  en <>). Ajoutons que, selon B. Breyer,
 doit être un subjonctif à voyelle brève, sans quoi ce serait le seul exemple
chez Pindare « quo sententia generalis de futuro tempore pronuntiata in enuntiato
temporali per indicativum proferretur :  enim a Pindaro semper de re iam facta
cum indicativo usurpari diximus ». Gerber, qui cite la remarque de Breyer, proteste

introduced by  and I see no need to postulate a subjunctive form ») sans mettre en
« de partibus noctis et diei ex divisionibus veterum », Kleine lateinische und deutsche Schriften,
Ag.
                 
Medda dans leurs commentaires respectifs de l’Agamemnon 
désignant en grec le jour à avestique « ham », « Sommer », « été » (cf. F. Specht, Der Ursprung der
Indogermanischen Deklination
de Pindare.
99 Dans des notes en notre possession prises par G. Pöthko lors d’un cours de G. Hermann
professé durant le semestre d’été 1847. Comparer le rendu du même Hermann dans Francisci Vigeri
de praecipuis Graecae dictionis idiotismis liber3, 919, « non est homini certus uitae
terminus statutus, nec quando tranquillum diem nullo turbatum malo simus transacturi ».
 Wilamowitz, Pindaros, 246. Il ne précise pas à quel texte grec correspond sa traduction.
Comparer N.              

Nachrichten
der K. Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen 

de l’esprit ou du moins pour le physique, aux Immortels, quoique nous ignorions jour et nuit dans

  Pindari carmina    

De praepositionum usu, 78). Selon Gerber, « Pindar, Nemean Six »,


(« conformément à », « en suivant »), cf. Slater, Lexicon to Pindar
 Nous comparerions volontiers N. 


Schroeder, Pindari carmina, 327), « dépossédés du doux retour chez eux » (il s’agit des Sept contre
The Nemean Odes,
174-5 ; Wilamowitz, Pindaros, 258 n. 2 ; B.K. Braswell, A Commentary on Pindar Nemean Nine,
Pindaro. Le Nemee

 Analecta Pindarica IDe particularum subiunctivarum
apud Pindarum usu, 23-4.

31
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
doute un instant la leçon 
Christ, 1896) ait adopté , et que très
peu la signalent est une tache sur l’érudition pindarique. Dans ce qui 

a en vue l’heure où il arrive mais certain si l’on considère le seul fait de sa survenue : les
établir et connaître le bonheur, 


cours d’eau (Acragas) et furent l’œil de la Sicile ». Il est un pouvoir divin grâce auquel
le bonheur succède au malheur et le fait oublier (v. 18-24) : en témoigne le sort des

’il y a un degré de probabilité non
négligeable que Pindare ait, comme le supposa Moritz Schmidt (1823-1888), écrit
 génitif possessif)
n’est point déterminé ». Bornons-nous à illustrer le mot bien pindarique que nous
restituerions,  (douze occurrences pour le seul substantif), en citant P. 12.28-9,
, « s’il est quelque félicité
     



.

 Brandt, De particularum subiunctivarum apud Pindarum usu, 23, recommande l’adoption de

Scholies à Pindare, Volume II, Scholies à la deuxième Olympique,
reproduire les interrogations du grand érudit. Ce dernier formule une objection contre ce que l’équipe
de Besançon appelle « une explication possible de son contemporain Tierschius » : l’explication,

poliment Boeckh !), et le contemporain de Boeckh est « Thierschius », Friedrich Thiersch, helléniste,


Griechische Grammatik, vorzüglich des Homerischen Dialektes
18263, 618-19. Hermann lui aussi (Francisci Vigeri de praecipuis Graecae dictionis idiotismis liber,
            
la traduction de Hermann ap.        
Gnomen Pindars
« ob ».
 Philologus 1, 1846, 643-4. Nous constatons que la correction n’apparaît ni dans le texte
grec de son livre Pindars Olympische Siegesgesaenge griechisch und deutsch, Jena 1869 ni dans la

wüsste ich weder zu erklären noch zu übersetzen », déclarait Schmidt en 1846 ; il le traduit du moins

paraît pas heureux.
 Henry, Pindars Nemeans, A Selection, 116, ne manque pas de le relever.
 Sans rien discerner sur la planche III de The Oxyrhynchus Papyri. Part IV

.

         ap. Snell dans la première « Teubneriana » des
fragments de Pindare, 1953), « que par les Cronides fût étendu ».
Gauthier Liberman 32
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694

, « il est pour les mortels des avantages déterminés (en
fonction de chacun), mais au dessus de tout homme est suspendue la jalousie attachée
à la réussite ; c’est celui qui na rien qui a la tête cachée sous un noir silence. En ami,
’Aioladas et de son genos
un bonheur destiné à durer égal à lui-même. Si les mortels ont des jours éternels, leur
corps est périssable. Mais quiconque ne voit pas, dompté par l’implacable nécessité,

     »          
de contact évidents entre elle et les vers de l’Olympique
, inspiré par l’idée topique de l’ignorance du moment de la mort, semble avoir
entraîné une méprise sur le sens des v. 31-2 attestée par la scholie 58b : 
  

. Aristarque n’était donc pas tombé dans l’erreur consistant à

apparence (Schmidt l’avait compris) que l’érudition alexandrine n’ait jamais connu
d’autre leçon que  ; la faute serait donc (nul spécialiste de la critique des textes
ne saurait s’en étonner) pré-alexandrine. On trouve dans le Pseudo-Phocylide (v. 118-

           

. Ce développement est précédé de deux vers qui ne se trouvent
que dans un seul ms. et que l’on considère comme interpolés : 
,
« personne ne sait ce qui arrivera après demain ou dans une heure. Inscrutable est la mort
des mortels et leur avenir est obscur ». Écoutons Jacob Bernays111 : « Die aus der ersten

Abschnitt über den Tod als Epilog anzureihen ; da würden sie sehr matt nachschleppen ;
sondern sie bilden die Einleitung zu dem folgenden Abschnitt über Mässigung in Freud

, welcher in  zu bessern ist. Man braucht bloss zu

 The Oxyrhynchus Papyri. Part IV, GGA
Pindaros, 437-8.
De Aristarchi
studiis Pindaricis, Greifswald 1883, 15, visent non à recouvrer les « uerba ipsissima » mais à donner
un sens, « et quand (si) nous terminerons notre dernier jour tranquillement ou quand (si) nous serons

Scholies à Pindare, Volume II, 184-5, à l’établissement du texte

 The Sentences of Pseudo-Phocylides
111 Gesammelte Abhandlungen, Berlin 1885, I, 236 (note).
33
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694

             
Schlimmen dich nicht niederdrücken, und nicht zu hoch jauchze auf in der Freude. Oft
          
Dans l’Olympique,  exprime l’idée de

deux cas, la substitution de 112 rétablit ou établit une cohérence idéelle,

qu’aussi bien chez le Pseudo-Phocylide (ou Pseudo-Pseudo-Phocylide !) que chez
Pindare le génitif  avec  est plus facile et plus élégant qu’avec ,
mot dont, semble-t-il, on fait ordinairement dépendre 113
helléniste, Samuel A. Naber, conjectura chez Pindare 
. C’est bien inutile si on lit .
O. 2.51-52


         pc :

114.
« Réussir libère des angoisses celui qui participe à la compétition ». Nous
considérons comme entièrement erroné le choix de Gentili dans l’édition de
    , dont il est obligé de tordre le sens
en traduisant « ossessione » pour rendre le mot compatible avec le contexte.
Catenacci1152
          

     . Mais ce passage élégiaque
oppose la prévoyance malheureuse et l’imprévoyance heureuse, le succès libérant
112 Ancient Greek Accentuation,
Die Namen
r Satzinhalte, 343,  fut formé d’après       orm von
  geworden, weil der »Tod« ursprünglich als »Toter«
vorgestellt wird, als »«, der die Angehörigen nachholt »).
113               

génitif de possession et génitif épexégétique ?) et invoque le rendu « for mortals death

le bien-fondé de notre critique.
114 Nous étendons l’unité critique de l’édition Snell-Maehler, 1987.
115 Catenacci, Olimpiche, 399.
Gauthier Liberman 34
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
116. Pindare dirait donc que le succès agonistique de

prônée par Catenacci, ils la condamnent sans réplique et suggèrent même que le
souvenir du passage élégiaque a pu amener chez Pindare la substitution de 
[,
a ceci de rassurant qu’elle illustre le fait (bien connu par ailleurs) qu’un témoin

qui adoptent la restitution inévitable 117 lisent  ,
introduisant ainsi une impureté de responsion qu’il est très facile d’éliminer en
lisant  118, ⏑⏑ – –      
mètres ïambiques « syncopés »), comme dans tous les vers correspondants, dont
chacun constitue pour ainsi dire un tétramètre iambique lyrique :
– – ⏑⏑ ⏑⏑ – –

 
 
 
 
 
 
 
 
Norden119 et Wilamowitz préfèrent le libellé    
         
. Il est permis de douter, sans être « ein Fanatiker der Responsion »,

à éliminer. Il est intéressant pour l’étude de la technique poétique d’observer que
dans le quatrième « système » et dans la strophe du cinquième « système » le
poète a déplacé (« contre-morsure », osons-nous dire) d’une syllabe, vers l’avant,
116    Greek Elegy and Iambus. A Selection    
Theognidis reliquiae
       

117 Sur ce substantif, voir E.R. Dodds, Euripides. Bacchae  2  
Classical Papers,
118 P. Maas, Die neuen Responsionsfreiheiten bei Bakchylides und Pindar, Zweites Stück, Berlin
               
Pavese, « Pindarica II. Note critiche al testo delle Olimpiche e delle Pitiche », Eikasmos
et K. Itsumi, Pindaric Metre. The ‘Other Half
119 E. Norden, P. Vergilius Maro. Aeneis Buch VI3 1), 422 n. 1 : « er wollte

 Pindaros, 246 n. 2. Wilamowitz a raison de critiquer l’idée (Norden) d’une intention calculée
sous-jacente à l’exception (prétendue). Il postule une exception spontanée.
35
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694

mot nouvelle intervient devant une nouvelle proposition introduite par un mot
coordonnant postposé ou antéposé, .
O.




 

 ), on connaît l’avenir, à savoir que, si les esprits
désemparés des morts paient leurs fautes ici immédiatement, il n’est pas moins
vrai que les actes peccamineux perpétrés dans ce royaume de Zeus sont, sous
terre, jugés par un juge121 qui prononce des arrêts placés sous le sceau d’une
nécessité inexorable ». Nous admettons, avec, entre autres, Schroeder et
Wilamowitz122, que la protase ouverte par   n’est pas suivi d’une apodose,
selon un idiotisme dont l’ignorance entraîne de graves erreurs dans l’exégèse
et la critique de plus d’un texte grec ou latin123. Un geste ou une intonation du

envisagé » supplée l’absence d’apodose explicite124
tant discuté, sinon insoluble, du moins destinée à ne voir aucune solution
s’imposer auprès de la critique est bien connue et nous nous dispenserons de
passer en revue toutes les explications proposées du texte transmis, mais, pour
compenser cette dispense, nous considérerons la possibilité d’une corruption
textuelle, perdue de vue dans l’exégèse post-wilamowitzienne au détriment de
la recherche du vrai et peut-être de la vérité. Si nous serions tentés d’admettre
avec Catenacci125

121        Kleine Schriften zum klassischen
Altertum, 528 n. 127.
122 Schroeder, Pindari carmina, 19232, apparat critique ad loc. 
Wilamowitz, Pindaros, 247 n. 1.
123 Œdipe à Colone », Hyperboreus
en ajoutant un renvoi au commentaire wilamowitzien de l’Héraclès
 Annuaire de l’École pratique des hautes études, Section des sciences historiques et
philologiquescarm.
« uacui siue quid urimur, non praeter solitum leues », le verbe « urimur » est le verbe de la protase
et de l’apodose, « non praeter solitum leues urimur »). Nous ne comprenons pas l’explication de
ò che precede ».
124 Brandt, De particularum subiunctivarum apud Pindarum usu, 48, suppose que l’interposition
d’un long passage (jusqu’au v. 85 !) explique l’omission de l’apodose.
125 Catenacci, Olimpiche
Gauthier Liberman 36
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
oppose deux ordres de fautes, les unes punies sur terre et les autres punies
sous terre. Nous suggérons au contraire que le poète ne vise qu’un seul type de
fautes et qu’il veut dire que les pécheurs défunts paient bien leurs fautes, non
cependant « ici », , mais « sous terre »,  serait
alors une faute presque « anagrammatique » pour , latin « minime »,
simple renforcement rhétorique de la négation 126. Nous envisageons aussi
, « les esprits
désemparés des morts ne paient point leurs fautes immédiatement », c’est-à-dire
qu’ils attendent, pour recevoir châtiment, le prononcé des arrêts du juge infernal,
Aen., 6.566-9. Nous ne pouvons nous empêcher

pécheurs à avouer « les crimes dont ils ont chacun remis le châtiment à plus

commissa piacula mortem », corrobore notre restitution 
 serait un bouche-trou destiné à réparer la chute de  devant un
mot ressemblant. Norden127 tient pour garanti par « continuo » dans
Aen.   
et qui, selon ses vues très vraisemblables, s’inspire de Pindare128. Si l’on suit
Norden, les deux propositions balancées par  et 129 visent le châtiment subi
aux enfers (ce qui rend    explique le passage
comme Norden mais ne craint pas de faire dépendre  de  :
« les esprits désemparés de ceux qui sont morts sur terre paient leurs fautes
immédiatement (aux enfers) ». Mais, Schroeder l’a vu, cette interprétation n’a
126 Emploi « intensif » non nécessairement relevé et dont la méconnaissance peut entraîner de
curieuses acrobaties exégétiques, mais voir W. Dindorf, Lexicon Sophocleum   
Becker, Das Bild des Weges, 71 n. 58 (« bloß von der höchsten Stufe der Steigerung ») ; Maas,
Kleine Schriften G. Œdipe
Roi Symbolae Panhormitanae : scritti lologici
in onore di Gianfranco Nuzzo
et Becker, cet emploi intensif dans O. 



Pott, Etymologische Forschungen2Vergleichende Syntax
der indogermanischen Sprachen, II, 516. Dans sa note à Prometheus uinctus   
         O. 1.7), G.F. Schoemann, Des Aeschylos
gefesselter Prometheus          
« daß, wenn auch ein Anderes, so doch nicht auch (oder nicht mehr) Dieses, oder daß Etwas, wenn
auch sonst, doch nicht mehr unter den vorliegenden Umständen, statthabe » (voir aussi O. Schneider,
Callimachea
127 Norden, Aeneis Buch 6, 38 n. 1. Il allègue aussi Solon fr. 13.29 West2  

128  que le juge
infernal a entendu le défunt.
129 Syntaxe de Pindare, 387-8.
 Pindaros, 248-9.
37
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
pas la moindre vraisemblance et, sans réussir à proposer une émendation tant
soit peu convaincante, il a persuadé Norden que  est gâté131. Si toutefois
le texte transmis était correct et intégralement correct (le doute est au moins
permis), nous privilégierions l’explication ingénieuse, peut-être injustement
oubliée, de Franz Bücheler132 selon laquelle Pindare vise la mutilation du
cadavre des tyrans défunts. Wilamowitz133 crut porter un coup fatal à cette
interprétation en objectant que  la condamne, mais il pourrait avoir

avec horreur les violences faites à leurs restes. Pindare aurait alors exprimé
cet avertissement peu agréable avec une allusivité et une obscurité de rigueur
dans un éloge adressé à Théron d’Agrigente. Ce dernier a d’ailleurs peut-être
compris (ou on lui aura fait comprendre) et peu apprécié ; les relations entre les
deux hommes semblent s’être rapidement refroidies134.
O. 2.62-67



135 



terre à la force (à la pointe ?) de leur main ni l’onde marine à raison du vide de
leur assiette136, mais tous ceux qui trouvaient leur joie dans des modes d’action
où la tromperie n’a aucune part137 coulent une existence exempte de larmes chez
131 « Einem Kenner wie Schroeder zu widersprechen ist mißlich », déclare-t-il. Palinodie de

132 Ap. E. Boehmer, Pindars Sicilische Oden        Kleine
Schriften zur klassischen Altertumskunde

133 Pindaros, 248-9 n. 1.
134 Wilamowitz, Pindaros, 248.
135 
de responsion à cause de la brève initiale ; leçon conservée par Gentili), la forme ionienne et non
Pindari carmina, 33, mais sagement non adopté par lui. Pour la
Syncope in Greek and
Indo-European and the Nature of Indo-European Accent

136 
Bossler, De praepositionum usu
les besoins vitaux directement ou par l’intermédiaire d’un salaire en espèces préoccupe, c’est digne


137 Die zusammengesetzten Nomina, 53.
Gauthier Liberman 38
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
     désignent, explique
Catenacci138, non « ceux qui sont honorés par les dieux »139 mais « les dieux qui
sont honorés », Hadès et Perséphone. Mais ne sont-ce pas plutôt les justes qu’il
s’agit d’honorer, en leur conférant le privilège de couler des jours heureux « chez
les dieux » et toutes les prérogatives associées ? C’est ce que nous paraît corroborer
un document exceptionnel, la stèle funéraire attique de la nourrice Mélitta (vers
CEG (2) 571.6-7 Hansen, 

  sera devenu (c’était virtuellement inévitable) un
. Cette préposition, qui perd son régime, doit en
retrouver un, qui ne peut guère être que  : 141 
, « tous ceux qui trouvaient leur joie
dans des modes d’action où la tromperie n’a aucune part coulent, honorés, chez
an einen nicht
       »142. Pour l’intercalation
très idiomatique d’un substantif entre la préposition et son régime, comparer
P.          143. Nous

, le mot  est une faute
pour 144, correction naturellement plusieurs fois proposée, de 1786
P. 1.28, est très approprié
aux deux éléments145
, tout à fait dans les cordes de la lyre pindarique :
cf. N. 9.32-3, (…)       , (…) 
 « des hommes (…) et dotés d’un cœur propre à
vaincre l’attrait de la richesse, (…) car le sens de l’honneur se voit subrepticement
138 Olimpiche
139 « Grammatisch unmöglich » prononce Norden, Aeneis Buch VI, 37 n. 1, à bon droit.
   Orphica fr. 485F.6 Bern.,    , avec les remarques de
l’éditeur A. Bernabé, Poetae epici Graeci. Testimonia et fragmenta
Inscribing Sorrow : Fourth-Century Attic Funerary Epigrams

141   



d’une grécité non irréprochable.
142 Norden, 19 n. 2, corrigeant « in das Elysium » de la première édition.
143 De praepositionum usu, 76-7 ; Braswell, A Commentary on the Fourth Pythian
Ode, 326.
144 Pour la confusion, voir Sophocle fr. 684.2-3 Radt,  ,    
 ()  ( Stobée).
145  TGL IX 1318-19 ; LSJ s. v.  II ; Anth. Pal.   
Arg. Orph.

39
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
subtiliser par l’appât du gain » ; fr. 124.6-7 Maehler, 
146, « dans une mer d’opulence et
d’or tous sans distinction nous nageons vers un rivage imaginaire ».
O. 2.72-74




accrochés à des arbres coruscants, d’autres baignent dans l’eau qui les nourrit — ;

Une traduction honnête (car les traducteurs ne reculent devant aucun subterfuge

de  et de 147 et suggère irrésistiblement que  tient lieu
d’un mot qui soit le symétrique de  (le lecteur qui n’a pas encore deviné ce
mot le connaîtra bientôt). Schroeder, hélas !, a mis tout le poids de son autorité
et un enthousiasme malheureux à défendre l’« énallage » ou zeugma que, avec
l’impavidité audacieuse d’une certaine scholiographie antique et médiévale
grecque et latine, la scholie 135c allègue pour défendre  : « en nova
quaedam antiptosis  », s’écrie Schroeder. Donc Pindare a
écrit la lapalissade  ? Nous croyons que
la réalité est tout autre. Une ancienne glose de , à savoir , a
pu causer la substitution de  au mot que nous attendons. C’est qu’en
 ? », se demande Gentili) garde la trace
d’une variante , explication de 
par prendre la place du mot original en épousant le cas de celui-ci. Au vers 6.665
de l’Énéide, « omnibus his niuea cinguntur tempora uitta », Norden148 append la
remarque suivante : « Das Motiv, daß den Seligen eine Binde () ums Haupt
geschlungen wird, steht in gleichem Zusammenhang bei Aristeides im Epitaphios
            
Threnos (Cerda). Die Binde schmückt das Haupt, weil sie beim Gelage sind ».
Qui sait si par 
146 ’elogio pindarico   .
147 Contreposer I. 1.65,         .

l’observation souvent répétée de Dissen (Briefwechsel zwischen August Böckh und Ludolf Dissen
Pindar und anderes betreend, 156), « sive (…) de comissatione in ipsis ludorum locis cogites, sive
de pompa in patria urbe, victores caput opinor coronati incedebant, non manu ferentes coronam.

de discussion des deux passages de Pindare, M. Blech, Studien zum Kranz bei den Griechen, Berlin-

148 Aeneis Buch
Gauthier Liberman 
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
) et par , 
(cf.  chez Pindare), Élius Aristide149 ne pensait pas au passage de
la deuxième Olympique qui nous intéresse, avant que  n’eût pris la
place de  ? De Pauw invoque en faveur de sa conjecture  une
scholie « récente » (I, 134,11-13 Abel), 
. Mais là 

par Pindare « ante corruptionem » ? — nous fait préférer . Rapprocher par

(étiologie de la collation d’une couronne d’ache aux athlètes vainqueurs aux concours
Isthmiques) ; Anth. Pal., 11.168.3 (Antiphanès), 
 (cf.  chez Élius Aristide)151     
 dans une ligne qui suit
, « tresse de couronnes de lierre »152. Il a dû arriver à
plus d’un lecteur attentif de Pindare de restituer « inter legendum » 
répertoire de Gerber ne nomme que Karsten153. Cette correction, que l’on cite parfois,
154 : elle lui correspond autant que
 correspond à un scholiaste.
O.
 




 


155.
149 Mme Cannatà Fera, Pindarus. Threnorum fragmenta

Maehler et sans lien avec les vers de la deuxième Olympique que nous étudions.
 J.C. de Pauw, Notae in Pindari Olympia etc., Utrecht 1747, 16.
151 Studien zum Kranz bei den Griechen, 72 et 74.
152 The Dithyrambs of Pindar-
chia, Pindari dithyramborum fragmenta
Pindaro »). 
ce sens ici.
153 S. Karsten, Specimen litterarum quo continentur tria Pindari carmina etc., Utrecht 1825, 38.
Il allègue anacreontica, 42.5-6 West,   .
154 J.B. Hall, dans son édition critique des Silves 


155 Nous adaptons l’apparat de Snell-Maehler.
41
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
« Mais l’excès (dans la critique) exerce son emprise sur l’éloge à chaque fois
que le premier ne se rencontre pas avec le vrai156 mais157 que, du fait de fous,
la prolixité, comme de coutume158, relègue dans l’ombre les belles actions des
justes159. <C’est précisément le cas s’agissant de Théron,> car le sable échappe
au calcul et qui pourrait énumérer tous les services161
les autres ?162 ». Nous considérons qu’Aristarque et Wilamowitz163, à qui est dû
le seul , sont probablement parvenus à retrouver les mots de Pindare. On ne
s’en avise que quand on saisit la construction du passage. Race lit 
          
164, « upon praise comes tedious excess,
which does not keep to just limits, but at the instigation of greedy men is eager
to prattle on and obscure noble men’s good deeds ». Mais le syntagme 
, « l’excès qui veut (?) bavarder avec prolixité », est improbable.
Pindare ne construit pas 165, 
156 Comparer N.   ,     , < >
      , « elle prend son essor, l’excellence, com-
me un arbre au moyen des gouttes de rosée vitalisantes, quand elle est rehaussée des éloges à la fois
artistes et justes des hommes, vers l’éther plastique ». Nous lisons comme Wilamowitz, Pindaros,


De metris Pindari quaestiones tres
 Pindari carmina4, 299, qui allègue ce en quoi il voit un

forme le fr. 56 Maehler de Bacchylide (« fragmenta dubia ») ; comparer Horace, carm., 1.12.45-6,

157 Seul exemple chez Pindare, à notre connaissance, de la succession à bref intervalle de
  Lexicon Sophocleum, 19A, relève cette succession quand la

mais elle porte sur le participe.
158 Pindaros
tient pas compte de cette explication.
159 Comparer N. 
« (le verbe trompeur), qui fait violence à ce qui brille et élève la gloire pourrie de l’obscurité ». Une
               

O. 1.26 : là comme ici nous mettons la
ponctuation (point-virgule) en accord avec ce caractère « elliptique ».
161 Pour ce sens, voir la discussion de O. 7.48 dans notre observation sur O. 13.16-17.
162 Barrett, Greek Lyric, 56, parle, à propos de ce passage, de « comparaison paratactique » : « the
sand is beyond numbering ; and the joys that he has given to others — who can tell their tale ? ».
163 Pindaros, 494-5.
164 Gentili garde le texte transmis, qui est non métrique (   compte une syllabe
de trop et la dipodie iambique qui en résulte, ⏑⏑ ⏑⏑
satisfaisant (« la sazietà (…) che ad opera di uomini insensati vuole il ciarlare e nascondere il bene
con azioni malvagie »).
165 Lectures on Syntax, Edited with Notes and Bibliography by D. Langslow,
Oxford 
Hésiode et les poètes lyriques (« only in the nominative »).
Gauthier Liberman 42
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
. Il est certain que  est le sujet du verbe
, que  complète  et doit devenir , car la construction bien
entendue ne laisse aucune place à . Nous regrettons que Snell-Maehler préfèrent
 (Coppola) à 166 : la place de la négation  (après  !) rend au
moins très gauche l’opposition 
. En réalité, l’opposition est entre 
 et ce qui eût été ,
si  ne s’accompagnait d’une anacoluthe tout à fait idiomatique167 au terme de
laquelle il introduit une nouvelle proposition. Cette dernière n’est pas sur le même
plan grammatical que  mais comprend un verbe conjugué à un
mode personnel, en l’occurrence pourvu d’un sujet, , qui exprime
une idée voisine de celle de . On rencontre la même anacoluthe dans un
passage précédent que nous avons étudié, οὐ  ταράσσοντες  
ἀλλὰ
νέμονται (O. 2.63-7).
O. 6.9-11

 

« Ni chez les hommes ni sur les nefs creuses les réussites obtenues sans
risque ne sont honorées ». Par  Pindare
aurait censément exprimé une opposition voisine de celle que rend 
 dans I. 4.41-2,   
, « à jamais inextinguible est le rayon que
les nobles actions étendent et sur la terre qui produit tout fruit et sur la mer »168.
166 Un rapporteur recommande le texte, qui conserve , et l’exégèse de M. M. Willcock,
Pindar, Victory Odes, Olympians 2, 7, 11 ; Nemeans 4 ; Isthmians 3, 4, 7, Cambridge 1995, 53 et 165-
6 :      ,   ,   
    , « But disapproval overtakes praise, not meeting it fairly, but
coming from ill-disciplined men ; it has a wish to place irrelevant chatter as a block on the memory
of the noble deeds of the good ». 


167 De elocutione Pindari, Halle 1853, 19 ; R.C. Jebb, Sophocles. The Plays
and Fragments II. The Oedipus Coloneus, Cambridge 1889, 63 au v. 351 ; E.F. Poppo, Betantii
Lexici Thucydidei Supplementum I., Frankfurt am Oder 1845, s. v.  I.1, 2-3. Il remarque que
l’anacoluthe peut s’accompagner d’un changement de sujet, comme c’est le cas dans le passage de
Pindare qui nous occupe.
168 
eds., Culture in Pieces. Essays on Ancient Texts in Honour of Peter Parsons
West, Hellenica
voir R.G.M. Nisbet, M. Hubbard, A Commentary on Horace : Odes Book 1
Carm., 1.6.3.
43
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
Hutchinson169 par « an oblique reference to the battle of
Cumae, or, less plausibly, miscellaneous naval battles » et, après tant d’autres
et avant l’auteur du commentaire le plus récent de l’ode entière, Adorjáni, il
rapproche de  hymn. hom. in Apollinem

, « 
far-shooting Apollo, went sometimes on rugged Cynthus, and sometimes you
roamed the islands and the world of men » (trad. West). Richardson171 explique
 par « islands and mankind elsewhere » et estime que la
locution dit la même chose que 
(v. 21) ou  (v. 138). Richardson semble avoir raison : 
 par , « et
les autres endroits où habitent les hommes ». De surcroît, s’agissant du passage


puisque sur les nefs il y a des hommes — notamment des combattants, si l’on suit
Hutchinson et Adorjáni. Nous tenons pour abusif le rendu d’Adorjáni « weder
 » et plus que douteuse nous paraît l’idée que
Pindare a écrit par désir de dissymétrie 
« Streitwagen », pendant attendu, selon Adorjáni, de , comme en I. 5.5, 
, « les nefs marines et les chars de chevaux

 se rapportait primitivement, pensons-nous, à , « honorées par les
hommes », selon la construction normale de l’adjectif 172 et conformément
à la tendance pindarique à circonscrire explicitement à l’humanité la donnée
morale, psychologique, sociale qui la caractérise. Rapprocher, parmi de nombreux

, « il est
pour les mortels des avantages déterminés (en fonction de chacun), mais au dessus
de tout homme est suspendue la jalousie attachée à la réussite ; c’est celui qui n’a
rien qui a la tête cachée sous un noir silence » ; P. 1.81-2, 
, « si
            
succinctement, moindre s’ensuit le blâme des hommes » ; P. 4.286, 
    , « car le moment favorable, du côté des
hommes, a une durée brève » ; P. 12.28-9, 

169
G. Hutchinson, Greek Lyric Poetry, A Commentary on Selected Larger Pieces
 Z. Adorjáni, Pindars sechste olympische Siegesode
171
N. Richardson, Three Homeric Hymns, To Apollo, Hermes, and Aphrodite
172    hymn. hom. in Apollinem, 482-3,       
.
Gauthier Liberman 44
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
elle n’apparaît pas »173,
rencontré ci-dessus en O. 2.73174 : (
, « ni sur la terre ferme175 ni sur les nefs creuses (les

est pindarique et idiomatique : suppression du premier membre du balancement
176, comme dans P. , « en bateau ni
en allant à pied », et dissymétrie 
point de départ de la corruption a pu être la restitution fautive du premier terme du
balancement, , et l’ajout fourvoyé d’une préposition présumée manquer : 
, syntagme qui rendait 
nous, qu’on est passé d’une impeccable diction pindarique à une phraséologie
grammaticalement banale mais problématique du point de vue du sens.
O. 6.15-16
 

« Ensuite, les sept bûchers funéraires ayant été consacrés, voici à peu près
ce qu’Adraste dit devant Thèbes ». Snell-Maehler et Race mentionnent 
(Wilamowitz) et Adorjáni lit  (Wilamowitz, améliorant  de
173 Adorjáni, Pindars 
               

174 N.       ,    

poudreuse, les autres sur la mer avoisinante ».
175 
land » et donc ne convient pas au passage. C’est cependant un fait incontestable que les adverbes de

Dilucidationum Pindaricarum volumina duoDe suxi
-θεν usu homerico commentatioDe casuum
singulari apud Pindarum usuDe Aristarchi studiis Homericis3,
Les adverbes grecs en -θεν
2, II, 4) à Eschyle, Ag.Vergleichende Grammatik2,
Grammaire comparée2, trad. M. Bréal, II, Paris 1875, 411), constate la même

O. 2.73 au sens de « sur la terre


dans P.        
O. 
Etymologische Forschungen2
(Zur Geschichte des Perfects im Indogermanischen, Strasbourg 1884, 332-3) et G.N. Hatzidakis
       -θεν », Glotta     
pensons-nous, passé au sens locatif par le truchement de « du côté de ».
176 Œdipe à Colone », 41 n. 56.
45
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694

régularisent la phraséologie et la syntaxe, et il ne faut pas oublier que lui-même177
les rejette comme arbitraires. Nous accepterions le texte transmis en refusant de
comprendre « quand les cadavres des sept bûchers eurent été consumés »178, ce qui
comme nous verrons, fausse le sens de  au moins et peut-être aussi de
, et en admettant soit l’utilisation, moins invraisemblable que
ne le prétendent des juges inscients ou contempteurs de la grammaire comparée,
du masculin à la place du féminin ()179 soit l’attraction qu’exerça, dans
l’esprit de Pindare, le génitif  dépendant du génitif  sur le participe
qui suit immédiatement le second génitif. Ce serait donc un cas exceptionnel
d’accord générique par voisinage. Rapprocher l’attraction que représente le type,
bien attesté lui, (O. 3.42), « l’or est, de toutes
les possessions, la plus respectée » (la conjecture  rejoint peut-être la
177 Pindaros
178 Mme Hummel, La syntaxe de Pindare, 284.
179 m.) 2, II, 283-5) et E. Medda
  Ag., 562, ainsi que Barrett (Oxford 19744, 366-8) à Euripide,
Hipp.Lectures on Syntax, 458, illustre la neutralisation du genre au moyen


for the use of a masc. ptc. for fem. » est pour le moins étonnante. Il est bien sûr manifeste que
Ag.
si tous acceptaient le texte de cet exemple et l’interprétation qu’il suppose (en leur commentaire
de l’Agamemnon
considèrent aussi le passage de Pindare comme « certainly corrupt »). Hermann, Orphica
Theriaca Arg.
Orph.
féminin ruinerait le mètre. « Fuit sane, remarque non sans profondeur Hermann, 61, haec generum
permutatio illorum temporum propria, quum nondum stabilem usum lingua accepisset. Sed deinde
ea aetas, quae ad interitum vergebat, obtusum venustatis sensum illecebris quibusdam excitare
studens, ad insolentiam et raritatem confugiebat ». Dans l’article avant-gardiste « Geschlecht
(grammatisches) » de l’Allgemeine Encyklopädie der Wissenschaften und Künste de J.S. Ersch et J.G.

le cas du latin, qui a abandonné la distinction héritée entre le masculin et le féminin au participe
présent, et le fait qu’en védique un participe au masculin se rapporte parfois à un substantif féminin.

et le latin (où « nascens [participe masculin !] rosa » est la règle), voir F. Specht, « Zur Bildung der
adjektivischen u-Stämme », Zeitschrift für Vergleichende Sprachforschung

par ailleurs) est primitif et l’« Übercharakterisierung » consistant dans le recours à une formation
féminine pour compléter le substantif féminin est un fait linguistique indo-européen récent.
 « If, dit Barrett, op. cit., 367, Pindar wrote  (as I believe he did) and set it next to
, he did not expect his audience to construe it with 
de vue de grammairien scrupuleux en pensant à la façon dont ses auditeurs le comprendraient ? Nous
nous permettons d’en douter. Selon un rapporteur, « Pindar probably wrote  (Bornemann,
Sitzler, Stone, albeit the idea of the dative derives from Bernhardy)  Then, when the
(funeral) rites had been performed at the seven pyres, the son of Talaos …”
paraît être en l’air.
Gauthier Liberman 46
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
variante ). C’est aussi, en un sens, l’inverse de l’élégante énallage
   (P. 9.83), « les rues aux blancs chevaux des
Cadméens », pour   , « les rues des Cadméens aux
blancs chevaux » : là l’épithète est transférée du substantif « régi » au substantif
« recteur », ici le participe s’accorde en genre avec le substantif « régi » au lieu
du « recteur ». Admettons donc . Encore faut-il bien entendre ce mot.
Nous le tenons pour l’équivalent de  : cf. O. 3.19, 
, « les autels ayant été consacrés à son père », avec la scholie « récente »
(I, 158.13 Abel) . Il s’agit
ici – Wilamowitz181 avait raison – des sept chefs, non de leurs troupes, comme on
pourrait le croire en invoquant N. 9.24, où les bûchers des sept contingents brûlent182.
Mais ici (la distinction est capitale), dans cette ode (468) postérieure d’au moins
six ans à la neuvième pseudo-Néméenne183, ils ne brûlent pas, ils sont seulement
« consacrés », autrement dit apprêtés selon le rite, précisément parce que tous les
chefs, en particulier Amphiaraos (dont Pindare vient d’évoquer l’engloutissement
par la terre) n’y gisent pas. Wilamowitz184 paraît s’égarer en soutenant que pour
cette raison il faudrait non le génitif  mais le datif : dans 
(cf. Ilias 1.52,  ; Euripide, suppl.
, à propos des Sept) le génitif est « synthétique »185 et le sens est
« septchers funéraires ». Pindare n’inclut pas Adraste parmi les sept chefs186.
181 Isyllos von Epidauros
nous paraissent invincibles.
182 Il s’agit bien des contingents, comme l’admettent Welcker, Der epische Cyclus, II, Bonn
18822, 367 (il interprète ainsi également O. 6.15, à tort selon nous), Schroeder, Pindari carmina, 114,
et Braswell, A Commentary on Pindar Nemean Nine, 91-2 (même position que Welcker). Hutchinson,
Greek Lyric Poetry, 382, part du principe qu’il est, dans ce passage de la Néméenne IX, question
des chefs et non des troupes ; Adorjáni croit à une ambiguïté volontaire de Pindare dans les deux
passages et Mme Cannatà Fera, Pindaro. Le Nemee




proposito dei Sette contre Tebe »). Il y a un bûcher par contingent. Dans la suite immédiate, le poète
oppose au sort de tous ces hommes celui d’Amphiaraos : si les hommes que consumèrent les sept
bûchers étaient les chefs, le poète se contredirait dans la même phrase, puisqu’il manque au moins un
chef à un bûcher. De surcroît, ce « Feast of Fire » (Bury, The Nemean Odes, 163-4), avec sa poésie

Kleinere Schriften, Berlin 1865, II, 223, considère que les sept bûchers placés
devant les sept portes de Thèbes et mentionnés par Pindare étaient originellement prévus pour les
Thébains tombés au champ d’honneur.
183 Pindaro. Le Nemee, 197. Pindare se corrige-t-il en changeant le sens

remarque sur les v. 61-3.
184 Pindaros
185 Pindare. Pythiques, 113 et 8.97.
186 Der epische Cyclus, II, 325, et Schroeder, Pindari carmina, 113 ad loc.
47
Olympica Pindarica (I)
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O. 6.19

          
(amétrique)187 et , forme barbare (il eût fallu *, cf. )
qui fut à juste titre chassée par Cobet188 d’une grande partie, sinon de toute la
littérature grecque antique189. C’est la première occurrence de  dans la
littérature grecque,  apparaissant au pluriel chez Simonide fr. 256.11
Poltera dans un sens « négatif », , « 
nach Erfolg ». « Not quarrelsome nor one too fond of victory » (Race), « alieno
da contese e da ambizioni » (Gentili), « nec contentiosus immo nec nimis studiosus
victoriae » et « weder streitsüchtig, noch allzu begierig des Sieges » (Adorjáni).
« So ist, explique Adorjáni,  
seinen Sieg missgönnt,  der allzu positiv Gesinnte, der auf jeden Fall den
Sieg des Adressaten wünscht ». Cette interprétation postule un type d’expression
idiomatique, l’expression « polaire »191, par exemple 
 (Sophocle, Ant.
adjoignant un membre opposé qui ne doit pas être pris littéralement. Mais 
« nimis studiosus victoriae » n’est pas le contraire de  « nimis contentiosus »
et l’on ne peut pas obtenir à partir de deux mots dont l’un n’est pas le contraire de
l’autre une expression « polaire ». Nous revoilà donc avec un laudateur qui fait
valoir à l’objet de son éloge qu’il n’est pas « nimis studiosus victoriae » ! Nous ne
doutons pas que les traductions que nous avons citées sont fourvoyées et que 
 et  exprime une idée au moyen de deux mots
unis par  et dont les sens se rapprochent192 : l’encomiaste n’est « ni
querelleur193 ni trop ergoteur » (litote pour dire « pas du tout ergoteur ») ; il n’est pas
- et - souligne la même idée en la
déclinant de deux façons en apparence antithétiques : comparer Euripide, Electra,
187 Quaestiones epicae
188 Novae lectionesPlatonis opera quae feruntur omnia,
        Quaestiones grammaticae ad Thucydidem pertinentes,
2
189 Adorjáni, Pindars, 152-3, croit à l’existence de  et, s’il l’épargne à Isocrate (1,31,
          ), il l’accorde à
Denys d’Halicarnasse et à Plutarque : « Auch Dionysios von Halikarnassos dürfte auf die Stelle ange-
spielt, allerdings  (‚streitsüchtig) gelesen haben (Thuk. 2. 
), indem er durch eine ähnliche
Ich-bezogene      
de prof. virt  
 ) über die ehrliche Haltung des Gelehrten ».
 Slater, Lexicon to Pindar s. v., explique « victory-loving, aspiring ».
191 . Austin, « The girl who said « No » (Sophocles’ Antigone) », Eikasmos
13 (avec bibliographie).
192   
193 Die Namen für Satzinhalte, 351.
Gauthier Liberman 48
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
         
satisfaire et faciles à la critique ». C’est ce sens que la tradition littéraire a retenu et
conservé à l’alliance de  et de 194
de            
réforme opérée par Cobet. Mais, pour notre part, malgré le sentiment opposé de
l’éminent éditeur de Platon Martin von Schanz195, nous peinons à tirer ce sens de
la seule étymologie de  et de la seule idée d’« aimer être victorieux » :
on aura, suggérons-nous, spontanément associé  à  et le premier
mot aura coloré le sens du second196   

récente se laisse donc, ce semble, égarer par la volonté naïve d’être rigoureusement
. Wilamowitz197
à un dérivé de 198, mais il avait raison de rendre « ici bin nicht zänkisch und
nicht eben rechthaberisch ».
O. 6.36

« Il ne put tout le temps échapper à son tuteur Aipytos qu’Évadné (grosse
des œuvres d’Apollon) celait le         

« Spross » (Adorjáni), mais « Samen » (Wilamowitz199), « seme » (Gentili), sens
194 Ajoutons aux passages que cite Adorjáni Aristote, Rhet.    


qu’il paraisse à Irigoin, Histoire du texte de Pindare    
allusion au passage de Pindare.
195 Platonis opera quae feruntur omnia
cupidus alios superare, se ipsum extollere enitatur, quis est qui neget ex tali studio contentionem,
aemulationem, invidiam, rixam emanare ? ». Et de citer, entre autres, Tim.    

196         Etymologische Forschungen2, II
2, Detmold 1867, 11-12, dubitativement) une parenté étymologique, à écarter selon Beekes,
Etymological Dictionary

164-5, à Stace, Siluae 2.1.48).
197 Isyllos von Epidauros, 164.
198 Dans N. 8.24-5, Pindare se plaint de voir la rhétorique mensongère largement récompensée



O. Commentaries on Pindar,
P. Pindare. Pythiques,P.
I.P. fr. 94a. Maehler).
199 Isyllos von Epidauros, 164.
49
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
relevé par les lexiques, qui en ignorent la première occurrence, chez Pindare,

échappe aux lexiques, à l’exception du TGL
uniquement, et aux commentateurs d’Euripide, Ion 919-22, 

, « ils te haïssent (toi Apollon), Délos et les pousses de

de toi grâce aux semences de Zeus ».
O. 6.43-45


 
          

« Il sortit de sous les entrailles de sa mère Évadné, fuyant le travail
d’accouchement, Iamos, pour parvenir à la désirable lumière du jour, sans
ée (?), à même le sol ». Il vaut
la peine de mettre ici dans le texte la géniale correction de Schulze, en
partie fondée sur le parallèle très frappant de N. 1.35-6,  
           
, pour la rappeler au souvenir des spécialistes de Pindare,
puisqu’aucun éditeur ou commentateur depuis Schroeder ne daigne seulement

un accouchement aimable, Iamos, pour arriver à la lumière, sans perdre un
instant », présente, avec , une phraséologie
DGE
Héroïdes
eds., Vivam! Studies on Ovid’s PoetryEuripides, Ion. Edition and
Commentary       Euripides. Ion,   


Ion (Berlin 1926), Wilamowitz était, si nous ne nous abusons,

tortueuse.
 Quaestiones epicae

 « Sortant de sous les entrailles de sa mère, sans perdre un instant, à l’admirable éclat du jour le

parallèle non moins approprié que remarquable : GVI 1593.1-4 (kioniskos funéraire attique, IIe s. ap.


Gauthier Liberman 
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
d’une gaucherie impossible à attribuer à Pindare et que la retouche de
Wilamowitz adoptée par Snell-Maehler, , « sous la forme
de travaux d’enfant désirables », améliore, certes
par 

que  ne saurait tenir lieu de l’épithète attendue,  
 : contreposer Pindare, fr. 52m.13-14 Maehler, ,
« était délivrée d’un travail agréable ». S’il est un substantif auquel il soit
vraisemblable d’accoler l’», c’est
 (cf. O. ; GVI 1593.4, 
). Un accident tel que la disparition de  après 
aura amené un remaniement, à savoir l’introduction très malheureuse d’une
seconde occurrence de la préposition , reliée à la première par ), et
l’extension de  en . Quant à la correction de  en ,
elle s’explique par un fait caractéristique : on aura cru à une défectuosité

. Pindare n’a pas fait jouer le « digamma » au v.
71, , et l’érudit ancien qui corrigea  ne pouvait guère
tirer les conséquences du fait que Pindare rattache  soit à  (cf.
latin « uirus »), le liquide épais dont Iamos fut nourri, le miel (v. 47), soit à
, « violette » (v. 55). On rapporte le vague et ambigu  soit
     mit demselben Kasus, vollends durch eine Kopula verbunden, sind
unerträglich », observe Wilamowitz, Pindaros   Greek Lyrik Poetry, 393-4,
combat ce jugement de Wilamowitz, mais, pensons-nous, en vain. Adorjáni, Pindars, 195, hésite
entre la version avec la copule ou celle sans la copule (Ambrosianus), qui suppose un allongement de

Mais la suppression de la copule n’améliore que marginalement la phraséologie.
 Toutefois, Hutchinson, Greek Lyric Poetry, 393, remarque que Pindare n’élide pas la

 Schroeder, Pindari carmina, 19232, 512, a bien tort d’opposer ce passage à la critique que

        


 Nous admettons avec Schroeder, Pindari carmina         
             
aussi, quoique dubitativement (W. Christ, Grundzüge der griechischen Lautlehre
le niait). P. Maas, Metrica greca, trad. A. Ghiselli, Firenze 19792     
O. 1.57).
Quaestiones epicae, 351. Nous avons déjà signalé que Pindare peut, s’agissant
d’un même mot, tenir ou ne pas tenir compte du « digamma » ; renvoyons à l’excellente étude de
Heimer, Studia Pindarica, 1-89.
 Slater, Lexicon to Pindar

est donc un allongement métrique « épique », d’où l’idée que la source du récit mythologique de

51
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
au déplaisir que la mère ressent à abandonner le nouveau-né (alors le participe
marque la conséquence de l’abandon) soit à l’état d’esprit (sentiment de honte ?)
une ou lautre de ces deux

« chatouiller », « titiller », « aiguillonner », « piquer », « poindre »,
« irriter »211212
accompagné de la mention, sous forme de sujet ou de complément d’agent,
de la cause de l’atteinte, peut étonner et susciter le doute sur l’authenticité
de la leçon . Contreposer l’évocation du sentiment de Créuse
abandonnant Ion dans la pièce éponyme d’Euripide 958-9 : 

. Comme il existe un verbe , susceptible
d’exprimer le vagissement plaintif d’un tout-petit213, nous envisageons que
un substantif doté de « iota » 
   Ars adeo latet arte sua, Autour de l’élégie
cryptologique 3.14 des Tristes d’Ovide et d’Hygin, préfet de la Bibliothèque Palatine », ExClass 22,

              
      N.       
aiguillonnaient la sensibilité de Pélée ». Tel semble être le sens exact de l’adjectif ici, non « sheer »,
« unreserved » (Bury, The Nemean Odes), « arditi » (Mme Cannatà Fera, Pindaro. Le Nemee) et
moins encore « repugnant, distateful » (Slater, Lexicon to Pindar). Dans une excellente rubrique
  Homerisches Glossarium, II, Erlangen 1853, 326-7) explique très
hymn. hom. in Mercurium) par « arduus evitatu », mais le rattachement
    IF    
Pindar.
Nemean Odes, cf. « hasty, wicked words » LSJ II.1 ; « imprudente » DGE s. v. 3).
211 Slater, Lexicon to Pindar, classe le passage ainsi que P. 
N. 5.32 dans la rubrique « distress », mais « distress » nous semble aller au delà de la gamme de sens
que nous croyons discerner dans le verbe grec. J. Rumpel, Lexicon Pindaricum


TGL
Oed. rex
I. 5.58,
    O. 1.28-9. Panorama sémantique du verbe chez Pott,
Etymologische Forschungen2, II 2, 677, et chez M.S. Silk, « Pindars Poetry », 25-88, spéc. 41-2.
212 



213   Etymologische Forschungen2          
l’excellente étude d’E. Tichy, Onomatopoetische Verbalbildungen des Griechischen, Wien 1983, 112.
Elle considère 
uespae
eidyllia
             
Cyzique FGrHist 472 F 1a (transcrit ci-après) ; Denys d’Halicarnasse, ant. Rom., 1.79.5-6 (transcrit
Gauthier Liberman 52
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
Heyne214 ait pu voir juste en suggérant , sur lequel Adorjáni, en
mentionnant la conjecture dans son apparat critique, a attiré notre attention :
« et elle de l’abandonner, vagissant, à même la terre ». Rapprocher Stace, Siluae
2.7.36-8 « natum   

          
sujet du verbe, mais le contexte contribue à l’éclairer et, dans ce domaine,
Pindare n’a pas coutume de trop se soucier de l’embarras de son public215.
          
vagissement qui atteste la « viabilité » du nouveau-né se produit au contact
de la terre216évocation, dans la
suite immédiate, des deux serpents qui vont nourrir le tout-petit : comparer
Denys d’Halicarnasse, Ant. Rom. 1.79.6, 
        
          
 ; Agathoclès de Cyzique,
FGrHist 472 F 1a, 

.
O. 6.61-3



pcac

la rubrique du Glossaire hippocratique


214 
Synonymik der griechischen
Sprache

la couronne d’or », manière intentionnellement ambiguë de dire qu’il est devenu jeune homme (en
Geschichte der
griechischen Nomina agentis auf -τήρ, -τωρ, -τηςP. 

à la couronne d’or » (sens exclusivement « sexuel » ici) ; N.     
Mimnerme fr. 5.2-3 West2
2


215  P. 
216 Römische
Geburtsriten
53
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
« Elle lui répondit, de son père (Apollon) la voix arrangeuse de mots217, et elle lui


répandue de  est « sought him out » (Race) : il y aurait donc hystérologie.
Mais « sought him out » est étrange : pourquoi l’Apollon pindarique, qui entend, voit,
comprend et sait tout immédiatement218
l’a appelé ? Notre traduction suit le sens que donnent à  Wilamowitz219
et Adorjáni, lequel a bien mérité de Pindare en réhabilitant l’interprétation de
Wilamowitz. Mais il ne saurait être question de voir avec Adorjáni en 
(Garrod) « eine plausible Emendation » : c’est la substitution d’une glose à un mot de
glossaire. « , dit énigmatiquement Wilamowitz, war für Pindar eine ihrer
eigentlichen bedeutung nach unverständliche epische glosse wie fur uns. was wunder,
dass er sie etwas anders anwendet als das epos ». Si nous comprenons bien, car,
comme souvent, le grand érudit oblige le lecteur qui veut le comprendre à développer
sa pensée à ses risques et périls, Wilamowitz a mené un raisonnement analogique :
dans la poésie épique,  est souvent associé à un « uerbum interrogandi »,
 ou un composé, , 221 et il y a lieu de supposer que
 équivaut plus ou moins, pour le sens, au verbe qui le redouble d’une manière
caractéristique du style épique222. Donc, chez Pindare, le verbe auquel  est
associé, à savoir le transparent , « uerbum respondendi », indique le sens
que Pindare attribue à . C’est non seulement ingénieux mais, à notre avis,
plausible. Wilamowitz ne dit rien de l’autre passage où Pindare emploie ,
à savoir P. 4.163-4, 223. Pélias, qui a
exposé à Jason le songe qui l’a amené à consulter l’oracle d’Apollon, s’apprête à lui
communiquer la réponse de l’oracle : , « il me
 est employé
seul et le verbe () de la proposition dont dépend l’interrogative indirecte
comprenant  est un « uerbum interrogandi », « j’ai demandé à l’oracle
de Castalie ». Quel est le sens de 
217 
mais celle de Schulze, Quaestiones epicae, 159 n. 1.
218 P. 3.27-9 et Wilamowitz, Pindaros, 281 n. 2.
219 Isyllos von Epidauros, 166.

221              
in vocabulis compositis usu », ap. G. Curtius, K. Brugman, eds., Studien zur griechischen und
lateinischen Grammatik         
Grundzüge der griechischen
Etymologie5

concrets du verbe.
222 Homerische Blätter, Bonn 1863, I,
185-95.
223 Pindaros, 389, reste très vague.
Gauthier Liberman 54
ExClass 27, 2023, 9-55 http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
est la même que dans O. 6.62, où il reconnaît un « uerbum respondendi » : « Pelias
befragt das delphische Orakel darauf hin, ob etwas darauf zu antworten ist ». Nous ne
pouvons voir là sens qui vaille et croyons qu’au « uerbum interrogandi » correspond
un « uerbum rogandi », « ich habe an der Quelle Kastalia mir ein Orakel geben lassen,
(um zu erfahren), ob man der Sache weiter nachgehen müsse, etwas darauf zu geben
sei »224
verbe  ? Il y a quelque six ans d’écart entre la composition de la sixième
Olympique (victoire de 468) et celle de la quatrième Pythique (victoire de 462). Or
l’emploi de  en P. 4.164, sans se conformer entièrement à l’usage épique225,
s’en rapproche beaucoup plus que celui qu’on trouve en O. 6.62, si nous comprenons

même qu’il avait employé d’une manière abusive, , un tour homérique

Pindare homme de lettres226
O. 6.71-73



« Depuis lors, couvert de gloire chez les Hellènes est le genos des Iamides.
        227  
         auf
 » (Wilamowitz228), « wandeln sie eine glänzende Straße »
(Adorjáni), « vanno per chiare vie » (Gentili) donnent le sens qu’appelle le contexte
mais ne correspondent pas à , tandis que « viam conspicuam
 mais ne donne pas
un sens satisfaisant, car les Iamides n’entrent pas dans un chemin de gloire, ils marchent
sur un chemin de gloire. Hutchinson229the subject of  is
usually taken to be the Iamidae ; but entering on the road, rather than travelling along
224 Explication de Glaser, Die zusammengesetzten Nomina
            
A Commentary on the Fourth Pythian Ode    Pindare. Pythiques, ont tort de
comprendre « j’ai demandé à l’oracle de Castalie si quelque quête était nécessaire ».
225 Funck nous paraît l’avoir décrit le mieux possible. Citons Ilias
    
question ».
226 Culture
in Pieces. Essays on Ancient Texts in Honour of Peter Parsons
Hellenica
227        ,
     ,  .
228 Isyllos von Epidauros, 167.
229 Greek Lyric Poetry
55
Olympica Pindarica (I)
ExClass 27, 2023, 9-55
http://dx.doi.org/10.33776/ec.v27.7694
 », mais d’un constat juste il tire une conséquence fausse,
à savoir que le sujet de  serait non les Iamides mais , « those who
honour ». En réalité, les Iamides sont bien le sujet de  mais le banal  a
pris la place du rare , apocope de  (cf.  fr. 52k.16 et  fr. 172.4
Maehler)231 :  est le grec pindarique qui correspond à « auf
» (cf. Ilias232). Aussi étrange
que cela puisse paraître, la correction, à nos yeux évidente, ne semble pas avoir été déjà
publiée ; nous peinons à croire qu’elle n’ait pas déjà été faite.
 Interprétation déjà envisagée par la scholie 122c.
231 Untersuchungen zur Sprache Pindars, 77-8 ; Braswell, A Commentary on
Pindar Nemean Nine, 114-15 à N. 9.35,   (mieux  , comme  , fr.
52g.12 Maehler, selon l’un des témoins papyrologiques ?). Dans N. 
tout le


Ach. 2.119-28). Il faut donc
Opera
et dies 529-32 ; Odyssea
Fränkel (H. Fränkel, De Simia Rhodio

Hal.

232 Die Namen für Satzinhalte, 163-4 : « Die Prmit dem Akkusativ
nur diese Fügung kommt für die Abstrakta in Betracht bezeichnet eine Bewegung über einen
Raum hin. Auch sie ist fast immer mit ein
den die Bewegung geschieht, kann nun bezeichnet werden, durch ein kollektives Nomen, wie 
, , , dazu wie gewöhnlich die Ausdrücke für Kampfgetümmel  ,
, , ,  ( 617),   ( 298) neben  . Ferner auch durch
die Art der Bewegung selbst, ausgehend von , dann   ( 321),  ( 89. 158),
 »geradenwegs«. Außerhalb dieser Gruppen steht nur  , zunä
mit dem Bewegungsverbum  ( 137, 68, 156), dann auch mit , ,
 ».